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Ces neuvaines et prières qui font avancer des causes en canonisation

Fresque de la gloire du Ciel (1630) dans l'abside principale de la Basilique des Quatre-Saints-Couronnés à Rome.

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Cécile Séveirac - publié le 05/03/24
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Ils ne sont pas encore déclarés saints, mais un miracle peut tout changer. Pour le faire advenir et permettre sa reconnaissance officielle par l'Église, des neuvaines et des prières se répandent, et contribuent ainsi à faire avancer des causes en béatification ou en canonisation. Décryptage.

Le pape François a récemment canonisé Mama Antula, le 11 février 2024. Au total, depuis le début de son pontificat, François aura canonisé pas moins de 912 saints. Mais avant l’étape de la canonisation, il y a bien-sûr celle de la béatification, qui intervient elle-même selon certaines conditions. Ainsi, le procès en béatification doit permettre d’apporter les preuves de l'exemplarité d’une personne qui a déjà été reconnue “serviteur ou servante de Dieu” ou “vénérable” parce qu’elle a exercé les vertus chrétiennes à un degré héroïque. Pour permettre la béatification, l’Église doit reconnaître un miracle par l’intercession du défunt. C’est par ce miracle que l’Église considère que le serviteur de Dieu est au Ciel et dispose d’une grande force de prière pour les hommes.

"Le miracle, c’est la signature du Ciel. Il est permis par Dieu, qui nous révèle ainsi que la personne priée est entrée dans Sa lumière et participe à Ses dons", explique à Aleteia le père Pierre Peyret. Prêtre de la paroisse de la Trinité en Beaujolais et Délégué épiscopal pour les causes de canonisation dans le diocèse de Lyon, le père Peyret a notamment œuvré pour la phase diocésaine des causes de Pauline Jaricot, Jeanne Garnier ou encore des martyrs lyonnais de la Révolution. La personne que l’on prie a déjà une réputation de sainteté, et c’est à ce titre qu’on la pense proche de Dieu et qu’on demande son intercession. "Il s’agit d’une concrétisation de la communion des saints que nous mentionnons dans le Credo." Celle-ci désigne la communion aux choses saintes, ce qui n’inclut pas uniquement les saints canonisés par l’Église. 

Une prière personnelle ou partagée

Bien souvent, les causes de béatification sont portées par des prêtres, un évêque, mais aussi des associations de fidèles laïcs. Pour demander l’intercession d’une personne vénérable ou servante de Dieu et réclamer un miracle, des neuvaines et prières d’intercession sont parfois rédigées. "Des images de dévotion sont produites pour répandre la connaissance de cette personne et son parcours de foi, accompagnées d’une prière rédigée avec imprimatur", relève le père Peyret. C’est le cas, par exemple, pour Léonie Martin, sœur ainée de Thérèse de l’Enfant Jésus. Le monastère de la Visitation où cette servante de Dieu a vécu sa vie de consacrée a ainsi mis à la disposition des fidèles une neuvaine afin de demander une grâce ou un miracle par son intercession. Même procédé pour Madame Elisabeth, sœur de Louis XVI emprisonnée au Temple avec Marie-Antoinette qui la précéda sur l’échafaud. Connue pour sa très grande piété et son intense vie de prière jusqu’à sa fin tragique, elle n’a pour le moment pas encore été reconnue bienheureuse. La neuvaine pour obtenir d’elle des grâces ou un miracle reprend chacune de ses prières laissées dans ses écrits, notamment sa consécration au Sacré-Cœur de Jésus ou sa très célèbre prière d’abandon. 

Toutefois, la demande d’intercession peut être individuelle et personnelle. "Elle n’a aucunement besoin d’être formalisée ou validée par une autorité ecclésiastique pour être reconnue", précise le père Peyret. Ce sera à l’enquête, diocésaine dans un premier temps puis romaine, de qualifier l’existence d’un lien avéré entre la prière et l’événement potentiellement miraculeux. Ce dernier consiste très généralement en une guérison, "plus facile à prouver puisqu’elle s’appuie sur des critères médicaux et scientifiques qui établissent le caractère inexpliqué du rétablissement". Ce fut par exemple le cas de la jeune Mayline Tran, tombée dans le coma après s'être étouffée en mangeant. Alors que les médecins avaient prédit sa mort imminente, suggérant à ses parents de la débrancher au vu des dommages irréversibles sur son cerveau, une mère de famille lyonnaise proposa de lancer une neuvaine à Pauline Jaricot, laïque missionnaire morte en odeur de sainteté. Soudainement guérie, et de façon inexplicable, le miracle a été reconnu et a ensuite permis la béatification de Pauline.

Les béatifications et les canonisations ont longtemps suivi la règle “vox populi, vox dei”, résultant d’une très forte demande du peuple et de l’expansion d’un culte de la personne décédée. Ce n’est qu’au XVIe siècle que l’Église a décidé que les causes seraient introduites sous la forme d’un procès, interdisant par la même occasion le culte du mort avant sa reconnaissance comme bienheureux ou saint. "Aujourd’hui, on ne peut pas peindre le visage de la personne entouré d’une auréole", illustre le père Peyret. "C’est la béatification qui permet la concession d’un culte, et non l’inverse." 

Découvrez en images ceux qui ont rejoint le cortège des saints en 2023 :

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