"On ne trouvera chez toi personne qui fasse passer son fils ou sa fille par le feu, personne qui scrute les présages, ou pratique astrologie, incantation, enchantement, personne qui use de magie, interroge les spectres et les esprits, ou consulte les morts." (Dt 18, 11). Très claire sur ce point, l'Église interdit fermement l'occultisme, le spiritisme et la nécromancie, qui sont, nous enseigne-t-elle dans son Catéchisme, l'apanage du démon. "Toutes les formes de divination sont à rejeter : recours à Satan ou aux démons, évocation des morts ou autres pratiques supposées à tort dévoiler l’avenir. La consultation des horoscopes, l’astrologie, la chiromancie, l’interprétation des présages et des sorts, les phénomènes de voyance, le recours aux médiums recèlent une volonté de puissance sur le temps, sur l’histoire et finalement sur les hommes en même temps qu’un désir de se concilier les puissances cachées. Elles sont en contradiction avec l’honneur et le respect, mêlé de crainte aimante, que nous devons à Dieu seul" (CEC §2116).
L'Église, ainsi, ne permet le culte public que des saints qu'elle a canonisés ou béatifiés. Si les saints du calendriers sont des personnes qui ont réellement existé et qui, dans la même mesure, sont passé par la mort pour renaître à la vie éternelle, peut-on dire que demander l’intercession des saints, c'est la même chose qu’invoquer les morts ?
Toutes les formes de divination sont à rejeter : recours à Satan ou aux démons, évocation des morts ou autres pratiques supposées à tort dévoiler l’avenir.
De l'ombre à la lumière
Invoquer un mort n'est pas la même chose qu'implorer son intercession. L'Église invite cependant à la plus grande prudence, lorsqu'il s'agit de nos défunts : elle ne se prononce que sur le salut des saints, même s'ils sont nombreux au ciel, ceux qu'elle n'a pas canonisés. On peut donc implorer, dans sa prière personnelle, l'intercession de ceux dont le procès en béatification est ouvert : Anne de Guigné, Claire de Castelbajac, Anne-Gabrielle Caron, Dom Guéranger ou tant d'autres.
La mort, nous dit ainsi saint Paul dans sa lettre aux Romains, n'est qu'un état transitoire qui manifeste le passage de la vie terrestre à la vie céleste, dans l'attente du jour où tous, nous ressusciterons. "Si donc, par le baptême qui nous unit à sa mort, nous avons été mis au tombeau avec lui, c’est pour que nous menions une vie nouvelle, nous aussi, comme le Christ qui, par la toute-puissance du Père, est ressuscité d’entre les morts. Car, si nous avons été unis à lui par une mort qui ressemble à la sienne, nous le serons aussi par une résurrection qui ressemblera à la sienne" (Rm 6, 4-5).
Ne pas confondre communion et communication
L'invocation des morts n'est pas non plus à confondre avec la dévotion aux âmes du Purgatoire. Déjà aux premiers temps de l'Église, les chrétiens s'adressaient aux défunts comme à des vivants auprès de Dieu. Tandis que nous prions pour leur salut, une fois auprès de Dieu, ils intercèdent pour nous. C'est là tout le sens de la dévotion aux âmes du Purgatoire qu'éclaire le mystère de la communion des saints qui permet l'entraide des Chrétiens, ceux qui sont encore sur terre, ceux qui chantent le Gloria au Ciel et ceux qui attendent au Purgatoire de goûter enfin aux délices de la félicité éternelle.
C'est d'ailleurs ce qu'explique la Servante de Dieu Anne-Gabrielle Caron lorsqu'elle dessine une croix au bas de laquelle se trouve une foule de laquelle partent des rayons rouges, qui atteignent une seconde assemblée, placée cette fois au-dessus, qui jette sur la foule du bas des rayons jaunes. « En bas, explique-t-elle alors, ce sont les hommes. Par leurs prières et leurs sacrifices, ils peuvent libérer les âmes du Purgatoire, qui sont là (et elle montre le groupe au-dessus) et en échange, les âmes les protègent. C’est ce que représentent les rayons qui montent et qui descendent ».
Les hommes, par leurs prières et leurs sacrifices, peuvent libérer les âmes du Purgatoire et en échange, les âmes les protègent. (Anne-Gabrielle Caron)
Il ne faut cependant pas confondre communion et communication, puisque la mort, même dans la perspective chrétienne qui regarde la vie éternelle, demeure une séparation. Celui qui invoque les morts ne fait que les appeler, pour lui ou pour eux. En revanche, celui qui fait appel à l'intercession des âmes du Purgatoire, une fois libérées par leur prière, ou des saints, leur demande leur médiation afin de présenter à Dieu dont ils sont les proches amis au Ciel ses intentions. Il n'attend ainsi pas la réponse des morts mais celle de Dieu. Là où l'invocation des défunts est un chemin de mort et ouvre la porte à celui qu'un chrétien n'a pas envie de recevoir, l'intercession des saints est un chemin de vie qui mène à Dieu.