Nigeria, Nicaragua, Pakistan, Chine… La liste des pays où les chrétiens continuent d’être persécutés quotidiennement pour leur foi est longue. Très longue. Et l’Inde y figure depuis plusieurs années dans le haut du classement. Dans son rapport 2023 sur la liberté religieuse, l’Aide à l’Église en détresse (AED) alerte ainsi sur une aggravation de la violence religieuse encouragée par l’impunité accordée par le gouvernement. D’après leur rapport, le principal moteur de la persécution dans la péninsule est la montée du « nationalisme ethnoreligieux » encouragée par le parti nationaliste hindou Bharatiya Janata Party (BJP) de Narendra Modi, le Premier ministre indien.
Prônant la défense de "l’hindouité" – l’Hindutva –, le BJP a multiplié les gestes d’hostilités envers certains membres de la population chrétienne indienne ces dernières années. "La réalité de ces persécutions varie énormément d’un état à l’autre mais on relève une augmentation globale des persécutions, brimades et vexations depuis l’arrivée au pouvoir de Narendra Modi et du BJP en 2014", détaille Amélie Berthelin, responsable de l’information au sein de l’AED. "Et la situation pourrait bien empirer drastiquement lors si le parti reste au pouvoir à l’issue des élections de mai 2024." Les premières tendances ont d’ailleurs de quoi inquiéter : le BJP a largement battu l'opposition aux élections locales organisées début décembre dans trois des États clés du centre du pays (Chhattisgarh, Rajasthan et le Madhya Pradesh), quelques mois avant les élections nationales.
Inquiétude autour des lois anti-conversion
La question des lois anti-conversion cristallise également les inquiétudes, alerte Amélie Berthelin. "Douze États indiens ont adopté ou envisagent d’adopter des lois anti-conversion", souligne la responsable. Et ces lois, encouragées par le BJP, tendent à se généraliser. "L’aide et l’action caritatives ont par conséquence été restreintes par l’interdiction des financements étrangers des groupes religieux." En février 2021, l’État de l’Uttar Pradesh, au nord-est du pays, avait déjà adopté ce type de loi. La même année, en novembre 2021, deux religieuses indiennes étaient empoignées par une foule en furie pour avoir "converti des hindous". Sœur Monteiro et sœur Roshi Minj, membres de la congrégation franciscaine des Ursulines, ont ainsi été violemment prises à partie par la foule qui hurlait des slogans anti-chrétiens, les traînant jusqu’à un poste de police afin qu’elles soient jugées.
Dans cet horizon obscurci et alors que les chrétiens du monde entier préparent doucement leur cœur à fêter la naissance du Sauveur à Noël, il est important de prier pour les chrétiens persécutés empêchés de vivre leur foi librement. Les chrétiens peuvent être une "lumière dans la vie des gens à travers la solidarité interreligieuse", avait rappelé en 2021 le cardinal Miguel Ángel Ayuzo Guixot, président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux. "Nous avons la capacité de témoigner que nous pouvons être “ensemble” et que nous pouvons surmonter ainsi chaque crise avec détermination et amour, même ce qui semble apparemment impossible". Une espérance que chacun est invité à porter dans sa prière en cette période de l’Avent.
En partenariat avec l'Aide à l'Église en Détresse