"Dans la famille du cinéma, je voudrais le prêtre." Oui, mais quel prêtre ? Je vous fais grâce des crapules, salauds et autres illustrations de malheureuses vérités pour ne choisir que des prêtres faillibles, hommes, mais dotés d’une mission particulière et s’appuyant sur la grâce. Des films leur ont été consacrés, ou se sont inspirés de leurs actions.
Stuart Long, alias Father Stue
Father Stu raconte la vie d’un ancien boxeur qui devient prêtre mais est alors atteint d’une maladie handicapante et fatale. Bientôt dans un fauteuil roulant, il accomplit jusqu’à son dernier souffle un ministère exemplaire. Une histoire vraie, dans laquelle d’incontestables stars n’ont pas hésité à s’investir. Le héros bien réel s’appelait Stuart Long, né en 1963. Jeune costaud, il excelle dans les sports et surtout à la boxe, au point d’envisager une carrière professionnelle. Une opération prothétique à cause d’une malformation de la mâchoire l’oblige à y renoncer. Il part alors à Hollywood, dans l’espoir de devenir acteur. Il décroche quelques petits rôles, mais ne parvient pas à percer, si bien qu’il prend un emploi dans un des principaux musées de la région de Los Angeles, le Norton Simon, et il y monte en grade. Cependant, sa vie bascule deux fois : un grave accident de moto où il frôle la mort, et un coup de foudre pour une jeune fille. Et c’est alors qu’il saisit qu’elle lui a été envoyée pour que se révèle sa vocation... Father Stue, Mark Wahlberg, 2022.
Jules Albert Peillet, alias Léon Morin
Prêtre d’un village de province, Léon Morin, figure inspirée par l'abbé grenoblois Jules Albert Peillet, est missionnaire dans l’âme. Cette fougue missionnaire lui fait accueillir avec intelligence cette communiste venue "se confesser", en réalité le provoquer, et les dialogues qui suivent leurs échanges sont absolument passionnants et parfois une école d’apologétisme respectant la liberté. Et lorsque son zèle missionnaire lui fera quitter quelques éléments de prudence, c’est à nouveau son sacerdoce, sous un angle missionnaire, qu’il choisira. Comme le véritable prêtre dont l’histoire s’inspire. Léon Morin, prêtre, Jean-Pierre Melville, 1961, et La Confession, Nicolas Boukrief, 2016.
L'Abbé Pierre
Détenteur du record de la personnalité préférée des Français, l’abbé Pierre aura mené une vie incessante de combats, jusqu’à en frôler la folie. Ce rebelle et non pas saint, ce prêtre et militant, cette grand gueule et mystique ; bref, cet homme aux multiples facettes est bien retransmis dans ce film, de facture classique mais qui évite l’hagiographie. Le grand public découvre alors l’amitié exceptionnelle et féconde que lui et Mlle Lucie Coutaz eurent toute leur vie et qui permit de mener bon nombre de ces combats, dont celui le plus connu : Emmaüs. Un regret pourtant : si le combat spirituel est illustré (et on voit même les doutes du croyant), une arme de ce combat est absente du film, et pourtant elle est essentielle dans la vie de l’Abbé : la prière. L'Abbé Pierre, une vie de combats, de Frédéric Tellier, 2023
Vincent de Paul
Cette grande figure de prêtre inspire ici de grands artistes. Les dialogues exceptionnels sont de Jean Anouilh et joués par un Pierre Fresnay au sommet de son art si unique. L’occasion ici de parler des artistes plus que du saint si connu qui œuvra toute sa vie pour soulager la misère matérielle, morale et spirituelle de ses contemporains. Jean Anouilh s’empare ici du saint si célèbre et écrit, non pas un film, mais plutôt une série de tableaux hagiographiques et allégoriques, le tout avec ses mots trempés dans un encrier de sang et de foi. Il en ressort une actualité brûlante des propos du saint, à la sortie post guerre ou aujourd’hui encore. Quant à Pierre Fresnay, acteur phare des années 30-50, connu pour son phrasé et son accent uniques et tonitruants, il éclate ici pour sa sobriété, et sa force plus habituelle. Protestant, il campera plusieurs fois un prêtre au cinéma, mais donne ici une incroyable performance pour ce Vincent de Paul, entourés d’autres grands comédiens. Nombre de plans sont en eux-mêmes des méditations. Monsieur Vincent, Maurice Cloche, 1947.