New York, 1889. Dans le quartier populaire de Five Points, les migrants italiens s’entassent dans des logements insalubres. Faute d’accès aux soins ou d’emplois leur permettant de se nourrir, ils meurent de faim et de maladie dans la rue, dans l’indifférence la plus totale. À près de 9.000 kilomètres de là, une religieuse, sœur Francesca Cabrini, rêve de bâtir en Chine "un empire de charité" fait d’orphelinats, d’écoles et d’hôpitaux. Ses problèmes de santé lui ferment les portes des communautés religieuses et son rêve de missionnaire s'envole alors. Qu’à cela ne tienne, elle devient institutrice et crée avec plusieurs amies, en 1880, les Sœurs Missionnaires du Sacré-Cœur de Jésus. Année après année, elle essuie le refus du Pape de l’envoyer en mission en raison de ses problèmes de santé. Pourtant, à force de ténacité, Léon XIII décide de l’envoyer à New York au chevet des migrants italiens. C'est cette histoire que retrace le film "Cabrini", en salles en France le 20 mars.
Brillamment interprétée par l’actrice italienne Cristiana Dell'Anna, sœur Francesca Cabrini va s’engager à cœur et à corps perdu auprès des plus démunis. Elle entreprend d’abord la construction d'un orphelinat en plein cœur de Five Points, suivi de la création d'un hôpital.
Réalisé par Alejandro Monteverde, à qui l’on doit également le long-métrage "Sound of Freedom", ce film à l’esthétique léchée emmène le spectateur dans les bas fond de New York dès les premières minutes. On se prend à espérer aux côtés de mère Cabrini et des religieuses, à se révolter des conditions de vie des migrants italiens et des comportements de la haute-société new-yorkaise. Mais, surtout, à espérer que la religieuse réussisse son audacieux pari. Ce qu’elle fait, à force de résilience et de détermination.
Mère Cabrini était également une entrepreneuse audacieuse. Elle a bâti un empire comparable à celui des Rockefeller.
Elle n’hésite pas à frapper aux portes de toutes les institutions susceptibles de financer son projet, à faire venir un journaliste pour qu’il écrive sur les conditions de vie et sensibiliser l’opinion publique. Combattante infatigable, elle repousse les limites imposées par la société et son propre corps. "Mère Cabrini était également une entrepreneuse audacieuse. Elle a bâti un empire comparable à celui des Rockefeller", a confié le réalisateur dans un entretien au National Catholic Register. "C’est une femme qui est arrivée ici sans rien ; c’est l’histoire inspirante d’une outsider. Elle se battait sans cesse pour le bien des autres. Elle ne pouvait pas dormir en sachant que des enfants dormaient dans les rues dans son quartier. Non seulement elle a combattu les institutions dirigées par des hommes de son époque, mais elle a également lutté pour sa propre santé."
Naturalisée américaine le 9 octobre 1909, elle a créé une soixantaine d’écoles, orphelinats et hôpitaux à travers le monde. Alors qu’elle souffrait d’aquaphobie, elle aura réalisé 23 voyages transatlantiques pour accomplir un travail missionnaire dans le monde entier. Décédée en 1917 à l’âge de 67 ans, elle est canonisée en 1946 par le pape Pie XII et est devenue la première citoyenne américaine à devenir sainte. Quatre ans plus tard, Cabrini reçoit le titre de sainte patronne des migrants. "Les migrants ont certainement besoin de bonnes lois, de programmes de développement, d’organisation", mais "avant tout d’amour, d’amitié, de proximité humaine ; ils ont besoin d’être écoutés, regardés dans les yeux, accompagnés", a rappelé il y a quelques années le pape François en recevant la nouvelle génération des missionnaires du Sacré-Cœur de Jésus. Mère Cabrini, a-t-il souligné, avait "le courage de regarder dans les yeux les enfants orphelins qui lui étaient confiés, les jeunes sans travail qui étaient tentés de se criminaliser, les hommes et les femmes exploités pour les travaux les plus humble".
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