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Ces saints qui ont eu d’importantes responsabilités politiques

Vénérable Robert Schuman, Saint Louis et Bienheureux Charles d'Autriche.

Mathilde de Robien - publié le 14/06/24
En plein chaos politique, redécouvrons ces figures de saints qui ont su allier, à différentes époques et dans des contextes parfois difficiles, proximité avec le Christ et souci du bien commun.

Sainteté et engagement politique ne sont pas incompatibles. Nombre de saints ont démontré combien la politique pouvait aller de concert avec la foi chrétienne. Saint Louis, le bienheureux Charles de Habsburg, Robert Schuman… Autant de figures de saints qui rappellent que l’action politique est vide et creuse si elle n’est pas portée par l’amour du prochain, la recherche de la paix et le souci du bien commun.

Venceslas, "éternel Prince des Tchèques"

Statue de saint Venceslas, Prague.

Duc de Bohême au Xe siècle, saint Venceslas (+ 935), élevé dans la foi catholique par sa grand-mère, monte sur le trône à l’âge de 18 ans, après la régence de sa mère, païenne, qui persécutait les chrétiens. Il construit des églises, fonde des monastères, fait l’aumône aux pauvres et rappelle les prêtres exilés. Il est assassiné à 23 ans par son frère Boleslas qui convoitait le trône, devant l'église où il se rendait pour la messe. Venceslas ne tire pas son épée: "Je ne serai pas fratricide. Je te pardonne." Saint Venceslas est le saint patron de la République tchèque.

"Ce grand saint que vous aimez appeler ‘éternel’ Prince des Tchèques, nous invite à suivre toujours et fidèlement le Christ, il nous invite à être des saints", a déclaré Benoît XVI lors de son voyage apostolique en République tchèque en 2009. "Lui-même est un modèle de sainteté pour tous, spécialement pour tous ceux qui conduisent le destin des communautés et des peuples..." En tant que dirigeant exemplaire sachant mettre la loi de Dieu avant toute chose et son peuple avant lui-même, saint Venceslas est l’intercesseur idéal à invoquer pour les personnalités politiques et dirigeants. 

Louis, justice, piété et charité

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"Saint Louis visitant les pestiférés" d'Ary Scheffer (1822).

Roi de France de 1226 à 1270, saint Louis est d’abord connu pour son sens aigu de la justice. Grâce aux Chroniques de Joinville, la mémoire populaire garde de Louis IX l'image d'un souverain rendant la justice à l'ombre d'un chêne proche de son château à Vincennes. Mais il a également frappé ses contemporains par sa profonde piété et sa grande charité envers les plus pauvres. Il fonde des hôpitaux et des monastères, construit la Sainte Chapelle et achève Notre-Dame, tout en faisant preuve de sagesse. Evoquant ses dépenses avec son ami Joinville, il affirme : "Si je dépense beaucoup d'argent quelquefois, j'aime mieux le faire en aumônes faites pour l'amour de Dieu que pour frivolités et choses mondaines. Dieu m'a tout donné ce que j'ai. Ce que je dépense ainsi est bien dépensé."

Thomas More, fidèle à l'Eglise au prix de sa vie

Santo Tomás Moro

Chancelier du roi d'Angleterre, saint Thomas More (1478-1535) a préféré tout perdre, y compris sa vie, plutôt que de renier l'Église. Tandis qu’Henri VIII s’autoproclame chef de l’Église d’Angleterre, reniant ainsi le pape, Thomas More refuse de cautionner le schisme avec Rome et démissionne de sa charge en 1532. Il est enfermé en mars 1534 puis décapité après quinze mois de mauvais traitements pour haute trahison. Ses derniers mots résument l’entière fidélité à Dieu, à l’Église et à sa conscience : "Je fus fidèle serviteur du roi, mais je demeure avant tout celui de Dieu". Béatifié en 1886 par le pape Léon XIII, Thomas More est reconnu martyr et canonisé par le pape Pie XI en 1935. Jean Paul II le nomme saint patron des hommes politiques et des responsables du gouvernement.

Charles de Habsburg, prince de la paix

L'empereur Charles d'Autriche.

Petit neveu de l'empereur François-Joseph, le bienheureux Charles d’Autriche (1887 – 1922) a consacré tous ses efforts, lors de la Première guerre mondiale, pour mettre fin au conflit. Un artisan de paix reconnu et salué par le pape Jean Paul II lors de sa béatification à Rome le 3 octobre 2004 : "L’homme d’État et le chrétien Charles d’Autriche (…) était un ami de la paix. À ses yeux, la guerre apparaissait comme “une chose horrible”." Dans son Manifeste d’accession au trône, en décembre 1916, il déclare : "Je veux faire tout ce qui est en mon pouvoir pour mettre un terme, sans délai, aux horreurs et aux sacrifices de la guerre, et donner à mes peuples les bienfaits de la paix."

Dès janvier 1917, l’empereur entame secrètement des négociations de paix avec la France par l’entremise de ses beaux-frères, les prince Xavier et Sixte de Bourbon-Parme, afin de rechercher une paix séparée. En août 1917, lorsque le pape Benoît XV lance un appel à la paix, l’empereur Charles est le seul belligérant à répondre positivement. “Charles plaça le devoir le plus sacré d’un roi – l’engagement pour la paix – au centre de ses préoccupations. De tous les responsables politiques, il fut le seul à soutenir les efforts de Benoît XV en faveur de la paix”, souligne le Saint Siège dans une biographie de l'empereur. En outre, à la fin de la guerre, il renonce à l’exercice du gouvernement pour éviter une guerre civile. Sur son lit de mort, il répète la devise qu’il honora toute sa vie: "Je m'engage toujours, en toutes choses, à connaître le plus clairement possible la volonté de Dieu et à la respecter, et cela de la manière la plus parfaite".

Luigi Sturzo, prêtre et homme politique

FATHER LUIGI STURZO

Don Luigi Sturzo (1871 – 1959), prêtre catholique et homme politique italien, est une grande figure du parti populaire italien. En 1918, il participe à la fondation du Parti populaire italien — précurseur de la démocratie chrétienne — et cinq ans plus tard donne naissance au Journal du Parti. Le jeune abbé vit dans une société transformée par la révolution industrielle qui pose de graves problèmes de justice sociale. Son activité politique tourne alors autour d’une question centrale : permettre l’expression des catholiques en politique et offrir une alternative catholique et sociale au mouvement ouvrier socialiste.

Il combat farouchement la montée du fascisme et critique l’ascension des totalitarismes en Europe. Sa vie est alors menacée. En 1924, il quitte l’Italie muni d’un passeport du Saint-Siège pour n’en revenir que 22 ans plus tard, en 1946. Nommé sénateur à vie sur dispense "exceptionnelle" de Pie XII en 1952, son procès en canonisation été ouvert en 2002, soit 43 ans après sa mort. "Je suis prêtre et non un homme politique", répétait toujours Don Luigi. Comme a dit Mgr Francesco Maria Tasciotti, juge d’instruction dans la cause en béatification, ce dernier "n’avait pas d’idéologie mais suivait une doctrine qui était l’amour de Dieu".

Robert Schuman, père de l’Europe

En lançant, en 1950, la première communauté européenne, ancêtre de l’Union, Robert Schuman (1886 – 1963) est devenu l’un des Pères de l’Europe. Estimant qu’il était nécessaire d’établir de véritables liens européens pour qu’une paix durable soit possible, il unifie la production du charbon et de l’acier sous une Haute Autorité supranationale. En 2020, à l’occasion du 70ème anniversaire de la Déclaration, le pape François a souligné son esprit constructif, dont l’action et les propos ont inspiré "le processus d’intégration européenne, en permettant la réconciliation des peuples du continent". "La paix mondiale ne saurait être sauvegardée sans des efforts créateurs à la mesure des dangers qui la menacent", commence la Déclaration. "L'Europe ne se fera pas d'un coup, ni dans une construction d'ensemble : elle se fera par des réalisations concrètes créant d'abord une solidarité de fait. Le rassemblement des nations européennes exige que l'opposition séculaire de la France et de l'Allemagne soit éliminée. L'action entreprise doit toucher au premier chef la France et l'Allemagne." Robert Schuman est déclaré vénérable en juin 2021.

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