Les sirènes de la consommation sont décidément partout. Sur les réseaux sociaux, dans les conversations, dans les transports ou encore dans la rue. Et elles créent, à n’en pas douter, le sentiment d’un besoin urgent à combler : "Il me faut cette petite robe pour les beaux jours !", "J’ai besoin de ce casque pour écouter ma musique", "Ces baskets seront encore mieux pour mes prochains runs". Elles ne s’arrêtent d’ailleurs pas aux biens matériels. C’est aussi cette petite adresse qu’il faut absolument tester, ce livre à ne pas rater pour briller en société, ce podcast qui fait fureur et à côté duquel il ne faut pas passer. Consommer et ajuster ses actions pour être "à la mode" a ce petit côté grisant de se savoir dans le coup. Mais à quel prix ?
Et si nous profitions de cette fin de carême pour interroger notre rapport aux tendances et, le cas échéant, réajuster notre manière de consommer biens matériels mais aussi sorties et loisirs ? "À travers la privation, nous découvrons soudain qu’en rendant leur liberté aux êtres et aux choses, en cessant de les river à la chaîne de leur intérêt, ils reviennent vers nous", écrivait avec justesse sur Aleteia l’essayiste et agrégé de sciences sociales Laurent Fourquet. "L’absence n’est pas nécessairement un châtiment. Elle peut être aussi le lieu où se déploie une présence, véridique, car aimante, des choses."
Boire l'eau qui désaltère
Allons un peu plus loin. L’Évangile de la Samaritaine (Jn 4, 5-42) est à ce titre incroyablement d’actualité. Jean y décrit l’image de l’âme qui s’épuise dans la quête épuisante d’une eau qui n’apaise jamais sa soif et l’oblige à revenir sans cesse puiser au puits, parce que cette eau ne peut rien pour l’âme. Il en va ainsi de la consommation du monde qui est sans fin. Mais, à cette âme esclave, voici qu’un étranger annonce qu’il est une eau qui désaltère parce qu’elle est cette attention au monde que l’on nomme "amour". Saurons-nous, à notre tour et dans notre quotidien, boire aussi de cette eau ?