Sa cloche a retenti pour la première fois le 10 mars, lors du dimanche de Laetare, et elle va accueillir la messe pour la première fois le dimanche de Pâques : l’église Ibrahim Al-Khalil d'Ur, en Irak, est désormais totalement achevée et fin prête pour les fidèles. Un événement majeur pour la communauté chrétienne irakienne, trois ans après la visite du pape François dans ce pays martyrisé par la guerre et le terrorisme islamiste. Une cloche a été installée au début du mois de mars, signant la fin des travaux qui avaient débuté en 2021.
"Ur est un lieu saint, à cause de la naissance du prophète Abraham, et cela nous unit à Dieu", a déclaré Adour Ftouhi Boutros Katelma, ingénieur chaldéen promoteur du projet, à AsiaNews. Ur est en effet un lieu particulièrement symbolique, puisque selon la tradition, le prophète Abraham y a passé sa vie. Fondée en Mésopotamie, c'est dans cette cité sumérienne que Dieu a, d'après la Bible, fait d'Abraham le "père des croyants". La nouvelle église a ainsi été dédiée à cette grande figure prophétique partagée à la fois par le christianisme, le judaïsme et l'islam, et se veut être un symbole du dialogue interreligieux. Construite à proximité des sites archéologiques d'Ur, l'église a vocation à attirer les pèlerins comme les touristes.
Encourager les chrétiens d'Irak
Mais elle est aussi et surtout un encouragement pour la communauté chrétienne d'Irak, qui tente de maintenir tant bien que mal sa présence au Moyen-Orient. Alors même que l'Irak abritait près de deux millions de chrétiens il y a 20 ans, leur nombre est aujourd'hui estimé à environ 400.000. Des chiffres qui, s'ils ne sont confirmés par aucune statistique exacte, font craindre une extinction totale de la communauté chrétienne d'Irak, pourtant présente sur cette terre depuis près de 2.000 ans. C'est donc dans le but de montrer son soutien et son affection à ces chrétiens martyrisés par la guerre de 2003 et le règne de Daesh que le pape François avait entrepris un voyage pontifical en mars 2021, alors que le monde sortait de la torpeur imposée par la pandémie de Covid-19. "Le moment est venu de reconstruire et de recommencer. Non seulement les édifices, mais aussi d’abord les liens qui unissent les communautés", avait ainsi déclaré François à Qaraqosh avant d'inciter les Irakiens à ne pas oublier leurs racines. "Étreignez cet héritage ! Cet héritage est votre force !" s'était-il exclamé.
"La visite du Pape a eu un grand effet et a représenté le point culminant de l'histoire du christianisme en Irak", selon Adour Ftouhi Boutros Katelma. Plus que cela, elle était "d'une grande importance pour l'ensemble de la région du Moyen-Orient", relève l'ingénieur pour qui cette visite pontificale est "plus que jamais d'actualité compte tenu de ce qui se passe à Gaza". " C'est un conflit qui inquiète car il y a une grande crainte qu'il puisse s'étendre à l'ensemble de la région", déplore-t-il. "C'est pourquoi l'église Ibrahim Al-Khalil porte un message de paix pour toutes les religions, pour tous les lieux, y compris à Gaza."