Un conjoint qui tarde à rentrer, un proche âgé qui ne répond pas au téléphone, un enfant qui prend l’avion, un appel en absence de l’école… Il suffit parfois de peu pour imaginer le pire. Des pensées très handicapantes car si elles ne sont pas rapidement désamorcées, elles malmènent la paix intérieure et génèrent de fortes angoisses. Mais si l'homme a cette capacité à se faire des films dramatiques, il est aussi capable, s'il le souhaite, de contrôler les pensées qui l’assaillent. Il peut donc décider de leur résister, en utilisant notamment une technique élaborée par les Pères du désert : la garde du cœur : "Que les pensées nous troublent ou pas fait partie des choses qui ne dépendent pas de nous. Mais qu’elles demeurent ou pas en nous, qu’elles suscitent les passions ou pas, fait partie de ce qui est en notre pouvoir", a écrit un des Pères, Jean Damascène, dans son Discours utile à l’âme.
Selon saint Ignace de Loyola, "l’anxiété et l’inquiétude de l’esprit ne plaisent point à Dieu". Imaginer des scénarios catastrophes, appréhender le lendemain, angoisser face à l’inconnu, reposent sur des faits plus ou moins réels et ne font qu’amplifier la peur. Le remède ? Choisir la confiance et s’en remettre à la divine Providence, non pas aveuglement mais après avoir effectué tout ce qui est en notre pouvoir. Dans une lettre datant de 1555, soit un an avant sa mort, saint Ignace a trouvé les mots pour apaiser toute crainte : "Il me semble que vous devriez vous résoudre à faire avec calme ce que vous pouvez. Ne soyez pas inquiets de tout, mais abandonnez à la divine Providence ce que vous ne pouvez accomplir par vous-même."