Le temps qui manque peut devenir un véritable esclavage. Ceux qui font tout à la dernière minute en font l’amère expérience. Il faut agir dans l’urgence, sous pression, et le résultat, nécessairement bâclé, est rarement satisfaisant. Alors il existe une multitude de solutions pour gérer son temps, à commencer par se lever plus tôt, savoir dire non, déléguer et bien sûr anticiper, prévoir, planifier, qui sont les maîtres mots des as de l’organisation. Mais une organisation au cordeau nous libère-t-elle pour autant ? Elle fait gagner du temps, c’est incontestable, mais dans quel but ?
Ne sommes-nous pas véritablement libres lorsque ce temps est donné ? Lorsqu’il nous rapproche du Christ ? Être libre par rapport au temps, c’est savoir discerner où et comment l’allouer, c’est être présent là où nous sommes appelés, et tant pis pour l’organisation bien huilée. Ce sont ces minutes passées à consoler un enfant, au détriment d’un coucher à 20 heures pétantes. C’est ce café partagé avec une voisine un peu seule, alors qu’une montagne de travail nous attend à la maison. Ou encore ces quelques phrases pleines d’empathie adressées à un collaborateur éprouvé.
Ordonner le temps à la charité
Le temps n'est-il pas investi de la meilleure des manières lorsqu'il est ordonné à la charité ? La meilleure gestion du temps n'est-elle pas celle qui nous rapproche chaque jour un peu plus du Seigneur, celle qui nous permet de "nous enraciner davantage en Dieu" disait sainte Élisabeth de la Trinité ? "Si je devais recommencer ma vie, comme j'aimerais ne plus gâcher le moindre instant de mon temps. Chaque minute nous est donnée pour nous enraciner plus en Dieu", estimait la carmélite dijonnaise. Comment trouver la juste mesure ? Saint Jean de la Croix propose de se projeter à l’heure de notre mort : "À l'heure de vérité, vous regretterez de ne pas avoir sacrifié plus de temps à servir Dieu. Alors, pourquoi ne pas dès maintenant employer votre temps comme vous voudriez l'avoir fait au moment de votre mort ?"