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Le Chemin de croix du cardinal Ratzinger, une leçon d’amour et de courage

BENEDYKT XVI

Le cardinal Joseph Ratzinger, le 26 mars 2005, Chemin de croix au Colisée.

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Marzena Devoud - publié le 06/04/23
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Il a été le premier à dire haut et fort que "le roi est nu". Le cardinal Ratzinger l'a crié à un moment où les yeux du monde entier étaient tournés vers le Vatican, le Vendredi saint 2005, dix jours avant la mort de Jean Paul II. Il l'a crié de telle manière que ses paroles ne pouvaient être ignorées, même si, à l’époque peu de fidèles réalisaient leur importance.

Des applaudissements montent de la foule des fidèles. C’est un hommage enthousiaste à Jean Paul II, que la maladie a empêché de participer à la liturgie du Vendredi saint, dans la soirée du 25 mars au Colisée romain. Sur un écran géant, les participants l’aperçoivent de dos, assis dans un fauteuil avec une étole rouge sur les épaules : il suit le Chemin de croix à la télévision depuis sa chapelle privée au Vatican. C’est la première fois en vingt-six ans de pontificat. Le pape polonais, déjà malade, vient de subir une trachéotomie le mois précédent. Celle-ci l’a fragilisé au point qu’il a été obligé de renoncer à présider les célébrations pascales. Et c’est à Mgr Ratzinger, doyen du Sacré Collège des cardinaux, que le pontife a demandé de rédiger les méditations spirituelles pour les 14 stations de l’évocation de la Passion du Christ.

Une barque qui prend l'eau de toute part

À la neuvième station, le cardinal Joseph Ratzinger prononce des paroles très fortes et dures à la fois. Elles montrent de manière symbolique mais aussi spectaculaire le drame des abus dans l'Église. Le futur pape Benoît XVI esquisse alors l’image d’une barque qui prend l'eau de toute part :

Souvent, Seigneur, ton Église nous semble une barque prête à couler, une barque qui prend l’eau de toute part. Et dans ton champ, nous voyons plus d’ivraie que de bon grain. Les vêtements et le visage si sales de ton Église nous effraient. Mais c’est nous-mêmes qui les salissons ! C’est nous-mêmes qui te trahissons chaque fois, après toutes nos belles paroles et nos beaux gestes" (Colisée, Chemin de croix 2005).

Lues par des comédiens, ses méditations écrites en 2005, résonnent comme si elles avaient été écrites aujourd’hui. C’est bien pour la première fois qu’un haut ecclésiastique, du cœur même du Vatican, désigne où se trouve l'épine du mal. Car il pointe non seulement le monde "extérieur" avec la sécularisation, la révolution sexuelle et le relativisme moral. Celui qui va devenir quelques semaines plus tard le successeur de Pierre, indique sans filtre qu’il s’agit bien du cœur même de l'Église :

Combien de fois les insignes du pouvoir portés par les puissants de ce monde ne sont-ils pas une insulte à la vérité, à la justice et à la dignité de l’homme ! Combien de fois leurs cérémonies et leurs grands discours ne sont en vérité rien que de pompeux mensonges, une caricature de la tâche qui est la leur : se mettre au service du bien. (...)

Mais ne devons-nous pas penser également à ce que le Christ doit souffrir dans son Église elle-même ? Combien de fois abusons-nous du Saint-Sacrement de sa présence, dans quel cœur vide et mauvais entre-t-il souvent ! Combien de fois ne célébrons-nous que nous-mêmes, et ne prenons-nous même pas conscience de sa présence ! Combien de fois sa Parole est-elle déformée et galvaudée !

Quel manque de foi dans de très nombreuses théories, combien de paroles creuses ! Que de souillures dans l’Église, et particulièrement parmi ceux qui, dans le sacerdoce, devraient lui appartenir totalement ! Combien d’orgueil et d’autosuffisance ! Que de manques d’attention au sacrement de la réconciliation, où le Christ nous attend pour nous relever de nos chutes !(Colisée, Chemin de croix 2005)

En prononçant des mots aussi puissants, ce Vendredi saint 2005, le futur pape Benoît XVI sait quelle Église le Christ a toujours voulu. Doux et courageux à la fois, ce religieux qui aime tant cette Église sait aussi que le mal ne peut l’ignorer. Voilà pourquoi il termine sa méditation de la 9e station du Chemin de croix en priant ainsi :

Prends pitié de ton Église : en elle aussi, Adam chute toujours de nouveau. Par notre chute, nous te traînons à terre, et Satan s’en réjouit, parce qu’il espère que tu ne pourras plus te relever de cette chute ; il espère que toi, ayant été entraîné dans la chute de ton Église, tu resteras à terre, vaincu. Mais toi, tu te relèveras. Tu t’es relevé, tu es ressuscité et tu peux aussi nous relever. Sauve ton Église et sanctifie-la. Sauve-nous tous et sanctifie-nous.(Colisée, Chemin de croix 2005)

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