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Comment Benoît XVI a révolutionné le nouveau catéchisme

Kardynał Joseph Ratzinger
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Marzena Devoud - publié le 20/01/23
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Préparé sous la direction du cardinal Ratzinger, futur pape Benoît XVI, le nouveau Catéchisme de l’Église catholique met l’accent sur la compréhension de la foi chrétienne comme une rencontre personnelle avec le Christ. Pour de nombreux chercheurs, l’inscription de cette pensée dans le catéchisme est la clé pour l’avenir du christianisme.

C’est sans doute l’un des plus grands héritages de Benoît XVI. Préparé sous sa direction, à la demande de Jean Paul II, le nouveau Catéchisme de l’Église catholique réalisé en 1992 opère ce que l’on a alors considéré comme une forte inflexion, voire même une révolution, en faisant de la  rencontre personnelle avec le Christ l’élément constitutif et essentiel de la foi de chaque chrétien.

Probablement, dans la première moitié du XXe siècle où le catholicisme était inscrit en Bavière dans la tradition et la culture, le tout jeune Joseph Ratzinger avait appris du catéchisme que la foi consistait à accepter comme vérité ce que Dieu avait révélé et que l'Église donnait à croire. Pourtant, quelques dizaines d’années plus tard, le cardinal Ratzinger, alors directeur de la rédaction du nouveau Catéchisme de l’Église catholique, aura cette intuition cruciale de poser la question déterminante "que signifie croire ? Et d’y apporter une réponse très forte :

"La foi est la réponse de l'homme à Dieu qui se révèle et se donne à lui en apportant en même temps une lumière surabondante à l’homme en quête du sens ultime de sa vie. Nous considérons dès lors d’abord cette quête de l’homme, ensuite la Révélation divine, par laquelle Dieu vient au devant de l’homme, enfin la réponse de la foi. Le désir de Dieu est inscrit dans le cœur de l’homme, car l’homme est créé par Dieu et pour Dieu ; Dieu ne cesse d’attirer l’homme vers Lui, et ce n’est qu’en Dieu que l’homme trouvera la vérité et le bonheur qu’il ne cesse de chercher." (CEC 26-27)

Grâce à Joseph Ratzinger, cette conception de la foi trouve une place de choix dans le nouveau catéchisme comme plus tard, dans sa première encyclique Deus Caritas est. Il y écrit :

"Au début de l'être chrétien, il n'y a pas de décision éthique ou quelque grande idée, mais il y a la rencontre avec un événement, avec une Personne qui donne à la vie une nouvelle perspective et donc une orientation décisive." (Deus caritas est).

Cette phrase est la clé pour comprendre le christianisme : la foi est avant tout une relation, une rencontre avec Dieu qui transforme la vie du croyant. Dans une tribune-hommage publiée par Vatican news, le cardinal Christoph Schönborn souligne que le nouveau catéchisme, une œuvre "de référence pour la foi à notre époque" est l'un des plus grands héritages de Benoît XVI. Et il rappelle le contexte de sa réalisation, lui-même ayant travaillé comme secrétaire sur le projet.

La beauté de la foi

Vingt ans après le Concile, le synode des évêques de 1985 formule une proposition qui exhorte le pape à rédiger un catéchisme de Vatican II. "On parlait alors de compendium, on évitait l'expression catéchisme, c'était mal perçu", écrit le cardinal Schönborn en expliquant qu’une conférence que le cardinal Ratzinger avait donnée à Lyon et à Paris sur la crise de la catéchèse avait joué un rôle important. "Le cardinal Ratzinger n'a pas seulement abordé le sujet de la crise de la proclamation de la foi, mais il a également présenté un programme pour le renouvellement de la catéchèse de l'Église. Sa référence, précise-il, avait été le Catéchisme romain de 1566. Son souci était de présenter la foi de l'Église dans toute sa beauté", en s'appuyant sur la "puissance rayonnante de la représentation positive de la foi".

Jean Paul II demande au cardinal Ratzinger de prendre la direction du projet. Personne ne s’étonne : les deux hommes, le premier philosophe, le second théologien, s’apprécient beaucoup.

C'est en 1986, que Jean Paul II demande au cardinal Ratzinger de prendre la direction du projet. Personne ne s’étonne de ce choix : les deux hommes, le premier philosophe, le second théologien, s’apprécient beaucoup. Peu après le conclave, le Pape aurait dit au cardinal Ratzinger, alors archevêque de Munich : "Nous devons vous avoir à Rome."

Jean Paul II lors de son voyage en Allemagne, avec à ses côtés le cardinal Joseph Ratzinger, novembre 1980.

Finalement, ce dernier arrive au Vatican en 1982 et devient le préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi. À partir de ce moment-là, les destins du pape polonais et du futur pape allemand se lient définitivement. Ils se voient au moins deux fois par semaine. D'abord, le mardi matin dans un cercle plus large, suivi d’un déjeuner. Puis, en tête à tête, tous les vendredis après-midi.

Le travail sur le catéchisme dure six ans. Il faut neuf versions successives pour atteindre le résultat final approuvé le 25 juin 1992.

Le travail sur le catéchisme dure six ans. Une commission de douze cardinaux et évêques et un comité de rédaction de sept évêques diocésains sont formés, avec le soutien de nombreux spécialistes consultés régulièrement. Il faut neuf versions successives pour atteindre le résultat final. En effet, après plusieurs phases de relectures, le texte définitif est approuvé le 25 juin 1992. Si la promulgation et la présentation solennelle du nouveau catéchisme est initialement fixée aux 7, 8 et 9 décembre 1992, une présentation de la version française a lieu à Paris, Tournai et Lausanne dès le 16 novembre de la même année.

C'est pourquoi, le 15 novembre, Jean Paul II annonce la sortie prochaine de l'ouvrage lors de l'Angélus dominical, sur la place Saint-Pierre. Enfin, le 7 décembre 1992, le Pape remet officiellement les versions en langue française, espagnole et italienne à cinq évêques des cinq continents ainsi qu'à trois couples, à des jeunes et à des enfants de tous les continents. Le 8 décembre, jour de fête de l’Immaculé conception, il dépose le catéchisme entre les mains de Marie, "auxiliatrice et annonciatrice de la Parole". Enfin le lendemain, le cardinal Ratzinger le présente à la presse en soulignant la "portée historique" de cet événement pour l'Église et pour le monde. "Le catéchisme ne devait pas devenir une structure doctrinale sèche et abstraite, mais devait révéler quelque chose de la beauté de la foi. Il reste un grand témoignage du pouvoir formateur du théologien Joseph Ratzinger, le pape Benoît", accentue le prélat.

Il s’agit là d'un grand héritage du pape allemand. Nul n’en doute, par sa contribution durable au développement de la pensée chrétienne, il sera un jour proclamé docteur de l’Église.

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