"L’an prochain à Jérusalem", chantent nos amis juifs de la diaspora, qui savent parfaitement qu’ils ne traverseront pas de sitôt la Méditerranée. L’an prochain en France, murmurent en eux même nos amis catholiques émigrés de l’intérieur, qui ont très bien compris que la France dont ils rêvent ne reviendra jamais. Faire croire aux hommes qu’hors des apparences désespérantes de ce monde-ci, rien n’est sûr, rien ne compte, rien n’existe, rien n’a jamais existé, c’est ce à quoi la rumeur jamais interrompue des médias s’acharne. La rumeur médiatique prétend exterminer notre mémoire. Elle nous persuade que la France n’est plus ce qu’elle n’a jamais été.
Rien ne nous console
Maurice Barrès disait qu’il ne défendait plus que le cimetière de la France, qu’il avait renoncé à tenir ses autres positions : que dirait-il à voir chaque jour le wokisme déboulonner nos monuments et profaner nos morts ? Que dirait-il en parcourant nos réseaux sociaux ? Nous défendons notre cimetière, dos à nos tombeaux, et cependant le mal avance ses pions dans les allées. Le péché de l’Église nous atteint au plus profond. On ne cesse de nous le resservir. On en fait des titres de journaux, des tweets venimeux, des succès de librairie.
Nous croyions le mal soldé, nous pensions que le temps était venu de passer à autre chose ; mais non, il faut encore une fois soulever le couvercle. Rien ne nous console, ni le passé, ni l’avenir, car le mal toujours répété est toujours terriblement nouveau. Quoi de neuf ? Le scandale. Le diable a plus d’imagination qu’on le dit et notre Dieu se cache. Les bons chrétiens se prennent à crier vengeance, eux dont le maître est doux et humble de cœur.
Nous sommes priés de nous apitoyer sur la planète, mais nous avons perdu le droit de nous apitoyer sur nous-mêmes. Ceux qui nous gouvernent ont renoncé à sauver le monde sensible. L’écologie elle-même n’espère plus rien : elle n’est plus qu’une manière adjudantesque d’organiser la mort de l’homme. Elle maquille un cadavre. L’armée au garde-à-vous des éoliennes qui hérisse nos plaines est un manifeste politique, pas un avenir.
L’envie de se battre
Que faire ? Agir plutôt que larmoyer. Charles Péguy, avant de tomber au front, avait écrit cette phrase décisive : "Prier pour la victoire et ne pas avoir envie de se battre, je trouve cela mal élevé." Nous avons un devoir de dignité. Et comme le 11 novembre approche, nos amis émigrés de l’intérieur peuvent méditer la phrase de Ferdinand Foch, général catholique qui déclara aux heures les plus désespérées de septembre 1914 : "Mon centre cède, ma droite recule, situation excellente, j’attaque." On a appelé cela "le miracle de la Marne". En fait de miracle, il y avait surtout le génie d’un grand chef et le courage d’une armée. Notre Église cède, notre civilisation recule, situation excellente. Attaquons !