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Une manière chrétienne d’affronter ce qui va mal

PADRE PIO
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Pierre Vivarès - publié le 20/09/22
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Les incohérences de ce monde et leurs stupidités ne manquent pas, elles nous font souffrir aussi. Comment les affronter ? Le père Pierre Vivarès, curé de la paroisse Saint-Paul à Paris, nous donne l’exemple de Padre Pio qui a porté dans sa chair les violences du monde et les souffrances du Christ.

Ici, une députée s’étonne, entre mépris et ignorance, de recevoir une invitation pour la messe annuelle des parlementaires. Mais elle se permet dans la même phrase, comme parlementaire, de dire à l’Église ce qu’elle doit faire ou ne pas faire. S’il n’y avait pas de séparation, elle serait convoquée à cette célébration. L’Église n’a pas à être jugée par une parlementaire sur la manière d’user de son temps. C’est cela, la séparation des Églises et de l’État : des invitations bienveillantes et non des injonctions méprisantes. 

Là, un député twitte qu’il a giflé sa femme et se met en retrait de ses fonctions au sein de son mouvement. Mais attention : il rédige son tweet en langage inclusif, pour bien montrer qu’il refuse toute forme de sexisme et de discrimination. Les mots ne guériront pas les gestes et ne les préviendront pas sans que chacun prenne des décisions spirituelles radicales. 

La paresse et la mort

Alors que la terre entière salue le travail d’une femme pour sa patrie mené jusque bien après l’âge légal de la retraite, même en Angleterre, une députée, une autre, revendique un droit à la paresse pour les salariés, droit à la paresse qui est ici bien mal nommé : il s’agit d’un droit à être le pique-assiette de la société, financé par le labeur des autres et en particulier de ceux qui n’ont pas les moyens d’être paresseux. Le travail est une valeur de droite, à condamner donc. J’en déduis que la paresse est une valeur de gauche. S’il faut protéger les aides nécessaires sans tenir de discours discriminants pour ceux qui en ont vraiment besoin, l’on obtient l’effet inverse avec ce genre de sortie ridicule.

Le pouvoir, en manque de réformes faciles à faire passer, lance l’idée de l’euthanasie afin de permettre le suicide pour tous. Après le mariage pour tous, les enfants pour toutes sans s’encombrer des mâles, nous avons maintenant la mort pour tous, et cela bien que tous les départements français n’aient pas encore d’unités de soins palliatifs, malgré une loi promulguée. Au cours de ces mêmes jours, on se refuse d’acheter du gaz aux Russes qui font une sale guerre et torturent allégrement ; en revanche, on négocie tranquillement le gaz en provenance d’Azerbaïdjan malgré les images documentées de torture des soldats arméniens, Arménie qu’on laisse mourir depuis trois ans dans l’indifférence générale, comme le Yémen. 

Affronter ce qui va mal

Du côté de l’Église, les évêques allemands ont mal voté. Ils ont bloqué un texte lors d’un vote à l’Assemblée synodale qui nécessitait l’accord des deux tiers des évêques. Qu’à cela ne tienne ! On revote le lendemain, cette fois-ci à main levée, afin de voir qui sont les irréductibles conservateurs dans l’Assemblée pour mieux les jeter à la vindicte médiatique. Cette fois-ci le texte passe, la violence de la méthode le disputant à la liberté de ces évêques. 

Le 23 septembre, nous célébrerons la fête de saint Padre Pio de Pietrelcina. Une vie de persécution et de souffrance, de la part de l’Église et du démon, une vie cachée dans un petit village des Pouilles, parfois enfermé dans sa cellule, et qui a cependant attiré des millions de personnes.

Chaque jour, quelles que soient nos positions et avis sur la société et sur l’Église, nous pourrons nous énerver et souffrir de ce que nous voyons. Notre monde va mal, à tous les niveaux et je doute que cela s’améliore prochainement, entre crise économique et crise climatique, entre tensions dans l’Église et tensions internationales. Il existe cependant une manière chrétienne d’affronter ce qui va mal et nous fait ou nous fera souffrir. Le 23 septembre, nous célébrerons la fête de saint Padre Pio de Pietrelcina. Une vie de persécution et de souffrance, de la part de l’Église et du démon, une vie cachée dans un petit village des Pouilles, parfois enfermé dans sa cellule, et qui a cependant attiré des millions de personnes. Il a porté dans sa chair quelque chose des souffrances du Christ. Il a porté dans sa vie quelque chose des violences et des incohérences de notre monde pendant les guerres mondiales et le fascisme italien, de l’Église aussi, comme institution qui l’a persécuté. 

Souffrir avec qui ?

Nous pourrons toujours nous lamenter sur les incohérences de ce monde (et les nôtres aussi). Nous pourrons toujours dénoncer l’injustice et la violence, le mensonge et le mépris. Nous pourrons toujours souffrir en voyant ce qui ne va pas et la souffrance de ce monde. Mais est-ce que je souffre pour moi ou est-ce que je souffre avec le Christ ? Nous avons voulu bannir la souffrance de nos vies et nous avons certainement raison. D’ailleurs, une des œuvres du Padre Pio était la construction d’un hôpital donc le nom était "la Maison pour le soulagement de la souffrance". La souffrance en soi n’a pas de valeur et le dolorisme n’a pas sa place dans la spiritualité chrétienne. Cependant, penser qu’on ne souffrira jamais est une dangereuse illusion. La question est de savoir comment souffrir, dans son âme ou dans son corps. La foi a une réponse que le monde n’a pas et Jésus Christ est la réponse. 

Dans ce monde qui va trop vite, qui parle trop vite souvent pour ne rien dire, qui méprise trop vite pour tenir ses positions dogmatiques, qui use d’une violence froide, Padre Pio nous rappelle d’aller nous agenouiller souvent au pied de la Croix pour partager quelque chose du salut avec le Christ. "J'achève dans ma chair ce qui manque aux souffrances du Christ pour son corps qui est l'Église." (Col 1, 24).

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