"L’idée a germé lorsqu’on a compris que les pompiers allaient se battre longtemps", résume Noémie. Pour cette exploitante agricole installée à plus de 60 kilomètres de Landiras - épicentre de l’incendie qui s’est déclaré en ce mois de juillet en Gironde - il n’était pas question de rester les bras croisés en attendant la fin de l'incendie. Dès la semaine dernière, elle décide avec sept autres agriculteurs membres d’un même collectif de proposer son aide à la région. "Nous avons envoyé un mail vendredi 15 juillet pour nous porter volontaires ; ils nous ont répondu dimanche 17 juillet en nous demandant si nous étions capables de fournir 1.200 repas à des pompiers lundi soir", explique-t-elle.
En 24 heures, le groupe d’amis aux profils très complémentaires s’active pour préparer ce ravitaillement improvisé. Alors que les maraîchers s’occupent d’apporter des fruits et des légumes, d’autres exploitants fournissent la viande tandis que le Super U de Sauveterre-de-Guyenne - une commune d’à côté - amène le pain. En deux temps trois mouvements, ils rassemblent les denrées, confectionnent les sandwichs puis filent à Landiras, leurs camions plein de vivres. "Tout a été offert", signale fièrement Noémie.
On oublie souvent qu’il y a des gens qui vivent de ce qui est en train de brûler.
À ses yeux, cette action solidaire spontanée n’a rien de véritablement héroïque. Et pour cause, c'est son métier qui la pousse à agir ! "Le feu n’est pas tout près de chez nous c’est vrai, mais ce sont nos terres qui brûlent ! " interpelle-t-elle. "Les pompiers se battent pour sauver la forêt et cela nous touche. On oublie souvent qu’il y a des gens qui vivent de ce qui est en train de brûler - cela concerne les métiers du bois ou les agriculteurs comme nous par exemple. Les conséquences pour la faune et la flore vont être désastreuses".
Prête à donner à nouveau de son temps si l’occasion se présente, Noémie tient à mettre en lumière les nombreuses autres initiatives qui fleurissent chez ses collègues et amis exploitants. "Tout le monde agricole est mobilisé", assure-t-elle en évoquant ces centaines de jeunes qui ont quitté leurs fermes pour prêter main- forte aux pompiers. Ces derniers "ont besoin de grandes cuves à même d’alimenter leurs citernes", explique-t-elle pragmatique. À en croire son témoignage, les bénévoles seraient nombreux. Depuis dimanche, son propre frère est d'ailleurs sur le terrain auprès des soldats du feu.