Nous sommes en Inde, en 2013. Une jeune femme sort d’une clinique la poitrine lourde et les larmes aux yeux. Elle est enceinte de six mois et ne sent plus l’enfant qu'elle porte bouger dans son ventre. L’échographie qu’elle vient de réaliser a révélé que le cœur de son enfant ne battait plus. Pour les médecins, la situation est on ne peut plus claire : le fœtus est sans vie.
Dévastée, le cœur brisé, la jeune femme rentre chez elle. Mais au lieu de s'effondrer, elle se tourne vers le ciel. Si la science et la médecine ne peuvent rien pour elle, alors c’est d’une intervention divine dont elle à besoin. Elle s’isole pour prier. Fervente catholique, elle tourne sa prière vers Devasahayam Pillai ou Lazare, béatifié l’année précédente. Elle supplie Lazare de sauver son enfant.
Qui est Devasahayam Pillai ?
En 1745, d'étranges bruits courent dans le palais royal du Travancore (aujourd’hui Tamil Nadu en Inde). On dit que Neelakantha Pillai, 33 ans, fonctionnaire brillant et ami intime du roi, s’est converti à la religion des britanniques. Qu’il se fait à présent appelé Devasahayam et qu’il refuse de participer aux cérémonies religieuses.
Pourtant Neelakantha Pillai a été élevé dans la culture et les traditions hindouistes. Comment cet homme si respecté et fidèle à la religion peut-il aussi soudainement tomber dans le blasphème ? C'est après avoir rencontré Eustache de Lannoy, un capitaine néerlandais de la Compagnie des Indes, que Devasahayam a découvert le Christ. Il avait perdu une grande partie de sa fortune à la suite de mauvaises récoltes. Et Devasahayam se lamentait de perdre le respect de ses semblables à cause de sa pauvreté. Se confiant à Lannoy, le capitaine lui parle alors de Job, ce personnage de la bible dont la foi est mise à l’épreuve maintes fois.
Bouleversé par le Dieu de Job, Devasahayam s’instruit durant neuf mois. Lui et son épouse reçoivent le baptême des mains du jésuite Jean-Baptiste Buttari. C’est là qu’il a choisi son nouveau nom qui est l'équivalent tamoul de “Lazare”. Voyant le trouble que cette conversion cause et que de nombreuses personnes suivent son exemple, le roi entre dans une colère noire. En 1749, il le fait arrêter pour trahison et espionnage. Il est torturé et banni. Sur le chemin de son exil, on lui met du poivre dans ses blessures et on le bat quotidiennement. Il est finalement fusillé dans la forêt de Aralvaimozhy en 1752. Son corps est récupéré par des chrétiens et se trouve aujourd’hui dans la cathédrale du diocèse de Kottar.
La source et la vie
Durant le calvaire de son exil, les bourreaux de Devasahayam lui refusaient à boire. Larmoyant, il supplia Dieu de lui accorder de l’eau. C’est alors qu’en trébuchant, on dit qu’il heurta de son coude une pierre et de celle-ci jaillit de l’eau. Actuellement, cette source coule toujours et de nombreux chrétiens s’y rendent pour être guéris. Ce rocher se nomme Muttidichanparai qui signifie “rocher dont l’eau jaillit”.
Si ce miracle n’est pas confirmé, Devasahayam est reconnu martyr et béatifié par Benoît XVI en 2012. Moins d’un an plus tard, le nouveau bienheureux ne tarde pas à faire intercession, lorsqu’une jeune femme enceinte se tourne vers lui.
Moins d’une heure après avoir commencé sa prière, celle-ci sent son enfant bouger dans son ventre. Elle retourne à la clinique pour une nouvelle échographie qui confirme que le cœur de son enfant bat de nouveau. C’est suite à ce miracle, qu’il sera canonisé le 15 mai par le pape François.