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Le miracle qui va faire de Charles de Foucauld un saint

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Agnès Pinard Legry - publié le 29/05/20 - mis à jour le 25/11/21
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L’annonce de la prochaine canonisation de Charles de Foucauld provoque une véritable onde de joie. Si un premier miracle lui avait été attribué en 2005 faisant de lui un bienheureux, la congrégation lui en a attribué un second. Il s’agit d’un miracle de préservation : en 2016, Charle, charpentier, a survécu à une chute jugée mortelle…

Il aura fallu presque 100 ans pour que le procès en béatification de Charles de Foucauld, entamé en 1926, aboutisse à sa canonisation. Après la reconnaissance d’un premier miracle en 2005 par Benoit XVI le faisant accéder au statut de bienheureux, le pape François a reconnu l’attribution au bienheureux Charles de Foucauld d’un deuxième miracle, ouvrant la voie à la canonisation prochaine du Français. "Ce deuxième miracle n’est pas une guérison (comme son premier miracle, ndlr) mais un cas de préservation dans un accident du travail", explique à Aleteia Laurent Touchagues, président des Amitiés Charles de Foucauld.

Une chute qui aurait dû être mortelle

L’histoire remonte au 30 novembre 2016, veille du centenaire de la mort de Charles de Foucauld. Ce jour-là Charle, ouvrier charpentier chez Asselin, entreprise de restauration de monuments historiques, travaille sur la charpente de la chapelle de l'institution Saint-Louis, lycée catholique de Saumur. Quand tout à coup, dans l'après-midi, il fait une chute de 16 mètres de haut, traversant la voute, avant de finir empalé sur les pieds d’un banc qui était retourné. "Les médecins sont catégoriques. C'est le type même d’une chute mortelle. À cette hauteur, tous les organes explosent", soutient Laurent Touchagues.

Président de l'entreprise pour laquelle travaille le jeune ouvrier – qui est alors âgé de 21 ans –, François Asselin est en déplacement à Paris. "Quand on m'a expliqué les circonstances de l'accident, je me suis dis que c'était fini, qu'il n'allait pas s'en sortir", confie-t-il à Aleteia. Proche de la fraternité de Marie, Reine immaculée et du père Artarit, curé de la paroisse Bienheureux-Charles-de-Foucauld à Saumur, le chef d'entreprise les contacte pour leur demander de prier pour ce jeune homme.

"Nous étions à la veille du centenaire de la mort de Charles de Foucauld", se souvient-il. "Ils m'ont invité à le prier tout particulièrement". Surtout que, de Paris, François Asselin n'arrive ni à joindre le famille du jeune homme, ni l'hôpital. Alors il se résout à passer une nuit de prière, entre angoisse et abandon. Se met ainsi en place un incroyable mouvement de prière à Charles de Foucauld pour la santé de ce jeune charpentier.

"Dans cette histoire une chose est sure, ce qu’on conclut les médecins : l’issue d’un tel accident n’aurait pas dû être celle qu’on connait aujourd'hui. Soit vous vous dites qu'il a eu une chance incroyable soit vous vous dites qu'il a eu tellement de chance qu’il y a autre chose."

Ce n'est que le lendemain qu'il réussira à joindre la mère de l'ouvrier... qui lui assure que "tout va bien". "De retour à Saumur, je suis allé le voir trois jours après son opération. Il était assis sur son lit d'hôpital". C'est alors qu'il apprend qu'après sa chute, le jeune homme s'est lui-même relevé et a marché sur une cinquantaine de mètres, alors que le montant du banc lui a traversé l'abdomen et est encore en lui, afin d'aller chercher de l'aide. Six jours après son accident, Charle s'impatientait dans sa chambre d'hôpital "et deux mois après il était de retour au travail", se souvient François Asselin. "Dans cette histoire une chose est sûre, ce qu’on conclut les médecins : l’issue d’un tel accident n’aurait pas dû être celle qu’on connait aujourd'hui. Soit vous vous dites qu'il a eu une chance incroyable soit vous vous dites qu'il a eu tellement de chance qu’il y a autre chose", souligne encore le président de l'entreprise.

Une neuvaine pour le centenaire de sa mort

Voici donc pour le constat médical. Mais qu’en est-il du contexte spirituel ? Il y a d’abord le prénom du jeune homme, Charle, sans s, dont le patron n’est autre que Charles de Foucauld. Ensuite, cette chapelle est située à côté de l’école de cavalerie de Saumur dont Charles de Foucauld est un ancien officier. Cet accident, qui aurait pu être tragique a par ailleurs eu lieu quelques jours avant le centenaire de la mort de Charles de Foucauld, le 1er décembre 1916. A cette occasion le diocèse avait proposé aux fidèles une grande neuvaine pour sa canonisation. Des milliers d'images du bienheureux avaient été distribuées les précédentes semaines afin de porter la prière de chacun. "Le patron de l'entreprise Asselin est un paroissien. Il venait lui aussi de terminer une neuvaine afin de demander un second miracle pour la canonisation de Charles de Foucauld", assure le père Artarit.

À l’unanimité ils ont déclaré que ce qui était arrivé au jeune homme était inexplicable naturellement !

En lien avec le postulateur de Charles de Foucauld, le père Ardura, l’association Amitiés Charles de Foucauld se mobilise à son tour pour savoir si cela peut constituer un second miracle attribué au bienheureux. Pour mémoire, que ce soit pour la reconnaissance de vertus ou d’un miracle, il y a une double enquête faite par l’Église. La première se déroule là où a eu lieu l’événement et la seconde à Rome au sein de la Congrégation pour la cause des saints. C’est ainsi que l’enquête diocésaine démarre en 2017. "Mgr Delmas, l’évêque d’Angers a nommé une commission qui a pu interroger le jeune charpentier, des témoins, des médecins… Validant la force de cet événement, l’évêque nous a permis d’envoyer le dossier à Rome", explique Laurent Touchagues.

Reconnaissance du miracle

Le dossier part donc pour Rome en mars 2019. Là encore, il y a d’abord l’étape médicale. Deux médecins sont chargés de faire une première analyse et si les deux donnent donnent un avis favorable, la procédure continue. Concernant le dossier pour Charles de Foucauld, l’avis favorable tombe à l’automne 2019. C’est ensuite au tour d’une commission médicale de se réunir. "Ce fut le cas le 14 novembre 2019", se remémore Laurent Touchagues. "Et à l’unanimité ils ont déclaré que ce qui était arrivé au jeune homme était inexplicable naturellement !"

Le dernier mot revenant à la commission théologique de la Congrégation pour la cause des saints, cette dernière se réunit finalement le 18 février 2020. Et le verdict tombe : l’ensemble des membres reconnaissent à l’unanimité le caractère surnaturel de l’événement, le validant ainsi comme miracle. "Pouvoir partager cette nouvelle avec tous est une joie immense", se réjouit Laurent Touchagues. "C'est une réelle joie", assure également le père Artarit, "et une grande émotion", reconnaît François Asselin. "Dans la vie nous sommes tous en quête de sens, on se demande pourquoi en espérant avoir la réponse là-haut. La nous sommes encore sur Terre et nous avons eu la chance d'avoir la réponse". Une joie partagée aussi par le jeune miraculé, pourtant non-croyant. "C'est étonnant d'ailleurs de voir ce que cela dit de Charles de Foucauld qui a passé la fin de sa vie à témoigner de Dieu auprès de non-croyants et de personnes qui ne le connaissaient pas." Charles de Foucauld sera canonisé le 15 mai 2022 à Rome.

En images : dans les pas de Charles de Foucauld
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