La période de publication des résultats des entreprises du CAC 40 voit toujours fleurir les commentaires s’élevant contre la hauteur des profits et la goinfrerie des actionnaires eu égard aux dividendes scandaleux qui leur sont versés. 2021 ne va pas faire exception à la règle : même si tous les résultats ne sont pas encore connus, il semblerait que les entreprises vont présenter cette année encore des résultats élevés. Un premier point un peu vite oublié : l’État va profiter de ces résultats. Une simple équation du premier degré montre qu’à 33% d’imposition et 50% des profits versés en dividende, l’État gagne autant que les actionnaires.
La formation du dividende
Les articles opposés aux dividendes des entreprises défendent toujours l’idée d’une exigence de rentabilité à 15%. Cette idée est totalement fausse ! Quand on cherche à être un tout petit peu objectif et que l’on divise le dividende par la capitalisation (la valeur des entreprises) on tombe pour les entreprises du CAC en 2019 (année record) sur le chiffre de 3,2%. La rentabilité des investissements doit inclure les gains en capital : quand on mesure celle-ci sur de longues périodes comme une quarantaine d’années avec le CAC, voire 250 ans avec Standard and Poor on tombe sur des taux variant entre 6 et 7%. Il y a donc beaucoup de mythes qui courent et qui ne sont que la manifestation d’une méconnaissance profonde des Français en économie. Il faut que nos compatriotes comprennent la formation du dividende et son utilisation, et pour cela il faut revenir à deux idées simples.
Quand la croissance ralentit, l’entreprise peut commencer à verser un dividende qui peut représenter jusqu’à 100% des profits dès lors que la croissance est nulle voire négative.
Le premier concept à connaître c’est celui de la rotation d’actifs ; il existe un parallélisme entre le chiffre d’affaires d’une entreprise et le capital qui y est engagé. C’est une règle universelle valable dans tous les pays et pour tous les métiers. L’investissement annuel se mesure dès lors d’une façon simple : c’est la croissance multipliée par le capital engagé. Il y a un deuxième concept, celui du cycle de vie. Un métier commence à croître parce qu’il en déplace un autre par un mécanisme de substitution ; au bout d’un certain temps qui dépend des situations, la croissance se stabilise quand le métier a pris sa place dans l’économie ; un jour la croissance devient négative parce que le métier se fait lui-même substituer. Ceci veut dire que l’investissement a tendance à être très élevé au départ, puis se stabilise pour devenir nul quand la croissance tombe ou devient négative. Quand la croissance ralentit, l’entreprise peut commencer à verser un dividende qui peut représenter jusqu’à 100% des profits dès lors que la croissance est nulle voire négative.
Où va l’argent ?
Où va cet argent ? En grande partie, il va s’investir dans les nouvelles entreprises dont les investissements excèdent les résultats et qui sont en recherche de liquidités. L’économie est en fait beaucoup plus harmonieuse que l’on croit quand on laisse ses forces se déployer naturellement tout comme ce qui se passe dans la vie des familles ou les anciens financent les plus jeunes. Les jugements à l’emporte-pièce mentionnés plus haut ne font que révéler la faiblesse de la connaissance générale des Français en économie. Le peu qui est enseigné est constitué de théories macro-économiques fonctionnant en économie fermée ; théories qui ne sont plus adaptées aux économies actuelles complètement ouvertes. On donne par ailleurs très peu d’outils aux enfants pour les aider à comprendre concrètement le fonctionnement de l’entreprise. Un manque à combler impérativement.
Non ! pour dire le vrai, il faut se réjouir de la bonne marche des grandes entreprises et en particulier celles du CAC 40. Celui-ci est principalement constitué d’entreprises relativement anciennes arrivées à un certain niveau de maturité. Parce que leur rentabilité est plus élevée que la croissance des marchés où elles opèrent, elles peuvent payer un dividende sans abîmer la base sur laquelle elles sont assises. Il faut donc se réjouir de ces dividendes parce que dans leur grande majorité, ils vont financer les nouveaux métiers et dynamiser l’ensemble de l’économie. On peut ajouter qu’en cette période d’incertitude et de dangers géopolitiques, une des pierre angulaires de nos sociétés est, quoi qu’on raconte, la force de nos économies fondées sur la liberté et l’initiative individuelle. Il est fondamental de constater que le tissu des grandes entreprises est solide et il faut que cessent ces attaques injustifiées fondées sur des idéologies complètement dépassées.