Jérusalem, 1524. La chaleur du soleil est écrasante. Angèle peine à suivre la marche. Le voyage a été long depuis l’Italie. Du haut de ses 50 ans, celle que l’on surnomme affectueusement “Soeur-Mère Angèle”sent ses muscles souffrir sous le poids de la fatigue.
Mais si son corps endolorie la somme de s’arrêter, l’esprit d’Angèle est déterminé. Le mont Calvaire est là, tout près. Et rien n’empêchera la tertiaire de Saint-François d’atteindre le sommet. L’idée de se tenir là où le Christ s’est sacrifié pour l’humanité la galvanise.
Une jeunesse éclairée
De vieux souvenirs se ravivent dans l’esprit d’Angèle. Ce matin encore, ils ne semblaient que rêves. Mais ils sont bien réels. À l'âge de 6 ans, elle a l’immense privilège de ressentir la présence de Dieu. Animée par les lectures à voix haute de son père, la petite Angèle parle au Christ comme s’il se tenait face à elle.
Après la mort de sa grande sœur adorée, Angèle est prise d’angoisse, craignant qu'elle ne soit pas arrivée au ciel. Le Seigneur Lui envoie alors une vision de sa sœur escortée par un cortège d’anges. À la mort de ses parents, elle est recueillie par son oncle. On lui prédit un beau mariage grâce à sa beauté. Ces remarques finissent de convaincre Angèle que sa vie est pour Dieu. Elle veut imiter les grandes saintes, telles Agnès et Ursule, modèles de pureté. Être tout à Dieu et le servir ici bas est son seul désir. Elle devient alors tertiaire franciscaine. Et quelques années plus tard, alors qu’elle est en prière, une voix murmure à son oreille.
- Angèle, c’est à Brescia que tu fonderas une compagnie.
Malgré cette révélation plutôt claire, Angèle s’arme de patience durant plusieurs décennies avant d’en voir l’accomplissement.
La longue attente
Pendant presque 20 ans, Angèle mène une vie de prière et de travail à Desenzano. Aucune opportunité ne se présente à la jeune tertiaire. Alors elle attend patiemment le prochain signe du ciel.
Elle est aimée de tous ceux qu’elle rencontre pour son service et sa bienveillance hors du commun. Quand surviennent les guerres d’Italie. Personne n’échappe au pillage et à la destruction. En 1512, Brescia subit le même sort. Son père spirituel l’envoie à Brescia pour une mission de consolation. Enfin, elle se rend sur le lieu de sa mission. Partout où elle passe, elle ravive l’espoir et la foi. On dit que chacune de ses prières est exaucée. Pour Brescia, c’est une sainte qui se tient parmi eux. Patiemment, elle attend le signe du ciel.
Puis on lui offre l’occasion de se rendre en Terre sainte. La voici donc, gravissant le Golgotha. Le signe qu’elle attend n’est pas loin.
Les ursulines
Au sommet, Angèle tombe à genoux. Non d’épuisement mais de la joie débordante qu’elle ressent en son âme. Quand elle se relève, elle est transformée, encore plus rayonnante qu’avant. Le Christ lui a soufflé à l’oreille ce qu’il attendait d’elle.
De retour à Brescia, les habitants découvrent avec stupeur les dons d'Angèle. Elle parle désormais latin, lit dans les âmes et parle avec sagesse des textes sacrés. Sa réputation l’amène à rencontrer le pape Clément et devenir la mère spirituelle du duc de Milan. Elle conseille de nombreuses personnes d’importance.
Plusieurs jeunes femmes la rejoignent pour acquérir cet esprit de pureté qu’Angèle a reçu du Christ Lui-même. Ainsi est née la compagnie de Sainte-Ursule en 1535. Angèle Merici rend l’âme cinq ans plus tard. Elle est canonisée par le pape Pie VII en 1807. Les ursulines œuvrent aujourd’hui en France, aux Pays-Bas, en Allemagne, au Canada et en Suisse pour l'éducation des jeunes et auprès des malades.