"Le Saint-Père nous a beaucoup encouragés". C’est le message que Mgr Éric de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des évêques de France (CEF), retient de la rencontre d’une heure dix avec le pape François dans la matinée du 13 décembre. Dans un contexte ecclésial particulièrement sombre depuis la publication du rapport de la Ciase le 5 octobre dernier, l’archevêque de Reims était invité au Vatican avec les deux vice-présidents de la CEF, Mgr Dominique Blanchet et Mgr Olivier Leborgne, pour rendre compte, comme de coutume, de la dernière assemblée plénière des évêques à Lourdes en novembre. Une assemblée durant laquelle les évêques avaient notamment reconnu la responsabilité institutionnelle de l’Église dans les abus sexuels commis en son sein, fait pénitence et mémoire des victimes et pris un certain nombre de décisions.
Le Pape "nous a beaucoup remerciés", a souligné Mgr de Moulins-Beaufort, ajoutant que le pontife avait durant l’audience "souligné la dignité de [leur] attitude et de [leur] manière de prendre en compte le rapport de la Ciase". Il a confié que le caractère "systémique" des abus n’avait pas été abordé durant les discussions. Le prélat français a aussi assuré qu’une rencontre entre le pape François et les membres de la Ciase devrait bien avoir lieu, alors qu’une certaine confusion était apparue après le report d’une audience prévue le 9 décembre avec les membres de la commission présidée par Jean-Marc Sauvé. Mgr Éric de Moulins-Beaufort s’est voulu clair : le Pape est "d’accord sur le principe" et "il nous faut maintenant réécrire pour obtenir une date".
À la question de savoir si le pape avait émis des doutes sur la méthodologie de ce rapport, l’archevêque de Reims a répondu que cette question n’avait pas été évoquée précisément. De même, le document critique envoyé au Vatican par l’Académie catholique n’a pas été abordé durant la discussion. "C’est surtout nous qui avons expliqué comment nous avons reçu le rapport de la Ciase, avec sérieux, en essayant de nous laisser bousculer et interroger par lui", a insisté le président de la CEF. Les trois évêques français ont ainsi expliqué au pape la façon dont leurs décisions avaient été prises, à partir de l’écoute des victimes, "avec la volonté de sortir d’une attitude de prudence, de précaution, pour venir assumer ce que ces personnes victimes portent depuis des décennies".
Le Pape n’a pas lu le rapport
Enfin, comme le Pape l’avait confié dans l’avion qui le ramenait de Grèce, les évêques français ont confirmé que le chef de l’Église catholique n’avait pas lu le rapport de la Ciase. "Nous lui avons remis le rapport mais je ne suis pas certain qu’il le lise, tout simplement parce que nous lui avons remis le rapport en français", a encore indiqué le prélat, ajoutant qu’il n’était pas "certain que le Pape ait beaucoup le temps de prendre son dictionnaire et de lire cela avant d’aller se coucher". Les évêques lui ont fait parvenir un résumé.