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Au boulot, êtes-vous sensible à la flamme des champions ?

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Pierre d’Elbée - publié le 02/08/24
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Les champions olympiques peuvent-ils être des modèles de champions dans le monde du travail ? Les avis sont partagés, répond le consultant en entreprise Pierre d’Elbée, qui assure : c’est toujours l’équipe qui fait le champion.

Les Jeux olympiques donnent assez naturellement l’occasion de comparer le monde du travail et celui du sport. Le journal Les Échos n’hésite pas à utiliser l’événement dans ses colonnes pour interroger le concept de champion. Avant de nous engager sur cette piste, regardons l’étymologie du mot. On trouve en bas latin campio "champ", qu’Alain Rey fait remonter au germanique kampjo "combattant dans un duel judiciaire" et à Kamp "lieu de combat", littéralement "champ de bataille". Cette dimension combative est essentielle : dans sa catégorie, le champion lutte d’abord pour montrer sa supériorité face à ses concurrents.

Ensuite, il peut devenir le champion de son camp, au sens du guerrier le plus redoutable : plutôt que de livrer bataille entre deux armées équivalentes, on le choisit pour représenter son armée, son peuple ; le combat de David contre Goliath en est une image emblématique. Jusqu’à devenir le champion d’une cause, son défenseur le plus ardent, comme le docteur Denis Mukwege, prix Nobel de la Paix 2018, considéré comme le champion de la cause des femmes violées lors des conflits en République Démocratique du Congo. Au XIXe siècle, sous l’influence du sport, l’anglais emploiera le mot champion au sens d’"athlète remportant la première place en compétition" ; par extension, il désignera "un athlète de grande valeur", une personne excellant dans son domaine, quel qu’il soit.

Le champion dans les entreprises

Le monde de l’entreprise, et plus généralement le monde du travail, n’est donc pas en reste sur l’emploi de ce terme. Les spécialistes distinguent différentes attitudes au travail, dont celles des champions… Leurs domaines sont variés, depuis le champion technique jusqu’au leader, en passant par le champion-cadre, le champion de projet, le champion stratège… Quelles sont leurs caractéristiques communes ? Pour décrire un champion, Caroline Ternaux note que les mots les plus utilisés sont la proactivité, le leadership, la capacité à innover, l’audace, l’ambition, et la générosité. Pour ce qui est de son comportement, le champion est une personne énergique et passionnée quand il/elle parle aux autres ; particulièrement motivé par les nouveaux défis, il recherche des tâches qui vont le stimuler et se montre capable de bien supporter la pression. Plus simplement, "les champions ont de l’assurance, ils sont connectés avec les autres, ils s’investissent personnellement et sont des créateurs de changements". 

Une caractéristique du champion est son insatisfaction tenace : visionnaire et acteur du changement, il n’arrête pas de tester différentes solutions pour améliorer l’existant. De même, sa détermination : un champion ne s’avoue jamais vaincu ; en ce sens, c’est un combattant qui ne peut se résigner à un résultat insuffisant. Il cherche par tous les moyens à progresser. S’il gagne, alors le champion est heureux, d’un bonheur intense… mais éphémère : face à la concurrence rude, il doit défendre sa position. La tentation du "toujours mieux" risque également de le dévorer. Aussi, le champion gagne à ne pas mettre toutes ses billes dans son excellence, en se réservant un temps de paix et de stabilité pour se ressourcer.

Le champion, une valeur ajoutée pour l’entreprise ?

Les avis sont partagés et la question n’est pas tranchée. Certaines études répondent positivement, quand d’autres remarquent qu’un champion peut exercer une influence négative sur la performance d’un projet et sur son équipe de travail : en effet, ses "coéquipiers ont moins tendance à soutenir le projet lorsque le champion tente de les influencer à soutenir celui-ci". Comme quoi l’excellence d’un ou deux éléments d’une équipe n’assure pas à elle seule le succès d’un projet. Le champion n’est pas forcément un bon manager, et son excellence ne suffit pas à apporter de l’unité et du dynamisme à l’équipe. Le champion peut même se révéler contre-productif s’il utilise son excellence comme un abus de pouvoir.

À l’inverse, on ne dit pas assez que les champions dépendent d’une équipe autour d’eux ! Un Carlos Alcaraz ou un Novak Djokovic ne sont pas des champions isolés, ils bénéficient d’une team d’experts sans lesquels ils ne peuvent donner toute leur mesure. Au football, un buteur ne peut exceller que s’il est servi par les coéquipiers qui lui font la bonne passe. Dans le monde professionnel, pas de champion sans les conditions techniques de succès bien sûr, mais également humaines : les mentors, les coachs, les parrains, les managers exemplaires, les coéquipiers… sont indispensables ! La victoire d’un champion est la victoire de toute une équipe à ses côtés.

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