À quelques jours de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris, l’Église est déjà dans les starting-blocks. Et pour s’assurer la victoire, elle envoie ses meilleurs athlètes : une quarantaine d’aumôniers, chargés d’assurer aux sportifs olympiques la crème de la crème de l’accompagnement spirituel. C’est à un prêtre au profil atypique que revient la lourde tâche de chapeauter cette équipe de choc. À 28 ans, le père Jason Nioka aurait pu être sur le devant de la scène des Jeux olympiques (JO) de Paris sur un tapis de judo, une discipline qu'il a pratiquée à un très haut niveau. Mais c'est un autre choix qu'il a fait en recevant l'ordination sacerdotale, le 23 juin dernier. En choisissant de rejoindre le séminaire il y a six ans, le père Jason a renoncé définitivement à une carrière professionnelle de judoka, le rêve de ses jeunes années.
Issu d'une famille très croyante de Seine-et-Marne, il découvre sa foi à l'âge de 13 ans au cours d'un pèlerinage en famille à Lourdes. Le futur prêtre ressent alors "une profonde paix intérieure", comme il le déclarera dans la presse à plusieurs reprises. "Ce jour-là, j’ai eu la certitude que ce que j’avais vécu devant la grotte des apparitions, je ne le ressentirais jamais avec la même puissance sur un podium au judo", confie le père Jason à Famille chrétienne. De 14 ans à 20 ans, il se donne à fond pour devenir imbattable sur le tatami, jusqu'à partir un an en Angleterre pour se former avec d'autres jeunes sportifs prometteurs. Mais pendant ces années où sa foi d'adolescent grandit, manquer la messe pour assurer les compétitions qui ont lieu le week-end devient de plus en plus difficile. Jason a soif de victoire, mais il a soif de Dieu plus encore. Son année de prière et de sport à Londres achève de l'orienter vers le séminaire plutôt que vers une carrière de judoka.
Auprès des athlètes, presque 24 heures sur 24
Pourtant, quelques années plus tard, le sport le rattrape d'une manière inattendue. En 2022, l'Église prépare les futurs Jeux olympiques qui auront lieu à Paris deux ans plus tard. Un gros travail aboutit à la création de l'association Holy Games, vaste programme d'évangélisation monté tout spécialement pour les Jeux de Paris. Encore séminariste, Jason se voit proposer d'en piloter l'aumônerie catholique, où les athlètes pourront trouver un soutien spirituel. Deux ans plus tard, il est enfin ordonné prêtre pour le diocèse de Meaux, un mois avant le début des épreuves olympiques. S'il n'est pas devenu judoka, son expérience de sportif de haut niveau ne lui en sera pas moins nécessaire pour accomplir la mission que le Seigneur lui confie. Qui de mieux placé qu'un chrétien ayant traversé les joies et les souffrances du sport pour aider des athlètes à cheminer vers le Christ, dans une période si intense de leur vie ? "Certains diront que les athlètes sont des baptisés que l’on peut accompagner de la même manière que les autres", assure-t-il à l'AFP. "Mais en pratique, il est nécessaire de rencontrer ce milieu si singulier, au risque, sinon, de rendre son discours inaudible." Le père Jason est convaincu qu'il faut à ces athlètes un accompagnement "sur-mesure", comme il l'indiquait à La Croix. Avec ses coéquipiers de l'aumônerie, il se vouera entièrement à cette mission pendant les prochaines semaines. Tous les jours de 7h à 23h, au centre d'accompagnement spirituel des Jeux, ils se tiendront à la disposition des sportifs croyants ou non. Un vrai rythme d'athlète olympique, pour porter haut les couleurs du Christ.