Si la Syrie est encore aujourd’hui un pays en guerre et en souffrance – ces dernières années, 1,3 million de Syriens ont perdu la vie et 8 millions ont dû quitter leur terre et leur histoire – le pays a néanmoins connu une grande source de joie et d’espérance le 6 juillet 2024 en l'église Saint-François-d'Assise, à Alep. C’est en effet ce jour-là qu'ont eu lieu deux ordinations, les premières depuis dix-sept ans ! Et encore plus réjouissant, il s’agissait de deux frères jumeaux, George et Johnny Jalloupf, détaille l'agence Fides. "Alors que nous marchions sur des routes silencieuses et désolées, j'ai remercié Dieu pour la nouvelle semence d'espérance que les deux nouveaux frères dans le sacerdoce ont apportée à l'Église et à la Custodie de Terre sainte", a ainsi confié à Fides le père Ibrahim Faltas, vicaire de la Custodie de Terre sainte, qui a pu se rendre à cette double ordination. Depuis 800 ans, les Franciscains veillent en effet sur les lieux saints et la Custodie de Terre sainte œuvre dans différents pays, en Palestine, en Israël, mais aussi dans une grande partie du Moyen-Orient, à Chypre, à Rhodes, en Jordanie, au Liban, en Égypte et en Syrie.
Des frères ordonnés par leur oncle
Lors de cette émouvante messe d’ordination, les deux diacres, George Paolo et Johnny Jallouf, ont reçu l'imposition des mains de Mgr Hanna Jallouf, le nouveau vicaire apostolique des Latins à Alep, également leur propre oncle. Les voilà à présent membres de l’Ordre franciscain des Mineurs et de la Custodie de Terre sainte. Pour rappel, près de 2.000 frères y sont morts au cours de ces huit siècles de présence et chaque 10 juillet, la liturgie commémore les bienheureux martyrs franciscains tués in odium fidei à Damas en 1860. Le pape François a d’ailleurs annoncé leur canonisation, qui aura lieu le 20 octobre prochain.
Après la célébration solennelle, les deux prêtres ont été fêté par des parents, des amis, des frères et des paroissiens. "J'ai perçu la forte participation à la vraie joie de la communauté chrétienne d'Alep qui, pour cette occasion, a oublié la guerre pendant quelques heures et a loué Dieu dans la joie", raconte encore le père Ibrahim Faltas. Et pour rester dans la joie de cette journée du 6 juillet, l’après-midi même, les deux frères ont célébré leur première messe ensemble : le père George a présidé et le père Johnny a prononcé l'homélie. Les jumeaux étant par ailleurs de bons musiciens, ils ont loué le Seigneur avec de très beaux chants. Grande espérance pour la Syrie et cette ville d’Alep qui comptait, avant la guerre, près de deux cent mille chrétiens alors qu’ils ne sont aujourd’hui qu’à peine 25.000.