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Jean Paul II, “et pourtant elle tourne”

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Camille Dalmas - publié le 17/07/24
Cet été Aleteia vous emmène dans les étoiles... avec les papes. Depuis 1945, tous les pontifes ont été fascinés par la conquête spatiale. En 1992, Jean Paul II a officiellement réhabilité Galilée, reconnaissant les erreurs des théologiens lors du célèbre procès de 1633. L'Église, comme la science, a-t-il assuré, regarde l'univers comme un "cosmos" qu'il est possible d'appréhender par l'esprit. (4/6)

Sous le pontificat de Jean Paul II (1978-2005), l’enthousiasme mondial pour les grands progrès de la conquête spatiale s'est quelque peu dissipé. L'émulation scientifique des débuts se mute en un froid conflit stratégique, dans lequel les guerres de l'étoile de Star Wars, paru un an avant son élection, sont apparues de moins en moins comme propres à la science-fiction. "La question est incontournable : à qui appartient l'espace ? Je n'hésite pas à répondre que l'espace appartient à toute l'humanité, qu'il est au service de tous", assènera le pape polonais en 1984. Passionné, comme ses prédécesseurs, par la conquête spatiale, il montrera un attrait tout particulier pour la dimension scientifique de cette quête. Et tâchera de réparer une erreur des théologiens dans ce domaine : le cas du procès de Galilée.

Dès 1979, à l'occasion de la célébration du centenaire de la naissance d'Albert Einstein, le pontife avait demandé à une commission d'examiner à nouveau le procès de Galilée, condamné par l'Église en 1633, afin de mettre fin au "conflit âpre et douloureux" qui en avait résulté afin de permettre une "concorde fructueuse entre science et foi". Et dès 1983, il avait affirmé à des savants reçus au Vatican : Nous reconnaissons, certes, [que Galilée] eut à souffrir de la part des organismes d’Église." Il faudra cependant attendre 1992 et la fin des travaux de la commission pour que le Pape tranche le sujet. Devant les membres de l'Académie pontificale des sciences, il prononce un long discours pour réexaminer les erreurs commises lors du procès qui ont abouti à la condamnation de Galileo Galilei. Jean Paul II rappelle que sa découverte de l'héliocentrisme avait remis en cause la conception géocentrique largement admise à l'époque, et fondée sur une lecture erronée de la Bible. "La science nouvelle, avec ses méthodes et la liberté de recherche qu’elles supposent, obligeait les théologiens à s’interroger sur leurs propres critères d’interprétation de l’Écriture. La plupart n’ont pas su le faire. Paradoxalement, Galilée, croyant sincère, s’est montré plus perspicace sur ce point que ses adversaires théologiens", souligne-t-il.

"Le monde n’est pas un chaos, mais un 'cosmos'"

Le pape polonais reconnaît donc l'erreur de ces derniers dans la condamnation de Galilée, leur reprochant d'avoir transposé "indûment dans le domaine de la doctrine de la foi une question de fait relevant de l’investigation scientifique". Et il fait aussi remarquer que l'héliocentrisme de Galilée a depuis longtemps été dépassé par de nombreuses découvertes sur le fonctionnement de l'univers. Le Pape insiste enfin sur le fait que la démarche de Galilée ne correspond en rien à la "tendance au scientisme" qui caractérise la "culture contemporaine". "Le cas Galilée a constitué une sorte de mythe", déplore-t-il, celui du "prétendu refus par l’Église du progrès scientifique". Au contraire, insiste-t-il, la vision de la mission du scientifique selon Galilée "admet comme présupposé à sa démarche que le monde n’est pas un chaos, mais un 'cosmos', c’est-à-dire qu’il y a un ordre et des lois naturelles, qui se laissent appréhender et penser, et qui ont par là une certaine affinité avec l’esprit".

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