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Jean XXIII et le “mensonge” de Gagarine

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Camille Dalmas - publié le 15/07/24
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Cet été Aleteia vous emmène dans les étoiles... avec les papes. Depuis 1945, tous les pontifes ont été fascinés par la conquête spatiale. Ainsi, le 12 avril 1961, Jean XXIII apprend qu'un homme a visité l’espace. Or, l’exploit de Youri Gagarine s’est avéré une affaire délicate pour le Saint-Siège. (2/6)

Le 12 avril 1961, le major Youri Gagarine devient le premier homme à visiter l'espace. À bord de la capsule spatiale Vostok, qui a décollé de la base spatiale de Baïkonour au Kazakhstan, le Russe effectue une orbite complète autour de la Terre en 108 minutes, parcourant le vide spatial à plus de 27.000 km/h. En vol, il transmet à la Terre un message resté célèbre : "D'ici, la Terre est belle, sans frontières ni limites." Plus tard, on rapporte que le cosmonaute a prononcé une autre parole depuis l'espace : "Je ne vois aucun Dieu là-haut." Au retour de sa navette dans l'atmosphère, il s'éjecte et atterrit sur les bords de la Volga. Youri Gagarine ne le sait pas, mais il vient de lancer l'aventure spatiale.

Le Saint-Siège réagit à l'événement dans l'édition de L'Osservatore Romano du lendemain. La tâche est inconfortable : il s'agit de saluer une indéniable victoire communiste tout en ne cédant rien à la pensée athée de Moscou qui s'empresse de faire de Gagarine un héraut de la science matérialiste. La tâche est confiée à Raimondo Manzini, ancien député démocrate chrétien devenu directeur du journal du Pape à la demande de Jean XXIII en 1960. "Voilà qu'une nouvelle conquête scientifique ou un bond en avant dans la technologie nous fait revivre l'image supérieure de l'homme comme créature spirituelle, douée de raison et de liberté, capable, selon l'ordre divin, d'une domination toujours plus grande sur le monde extérieur : l'homme dans son chemin de perfection fait à l'image et à la ressemblance de Dieu", affirme le journaliste. Il semble s'inspirer de la première citation pour défendre une conception pacifique de la science, fruit d'une collaboration internationale "sans frontières". Insistant sur l'importance de la présence du cosmonaute à bord de Vostok 1, Raimondo Manzini met enfin en garde contre les dangers d'une mauvaise utilisation de ces progrès technologiques.

Un progrès véritable et pacifique

Une intervention qui préfigure celle de Jean XXIII le 12 août 1962 dans un radio-message qui ne cite pas le nom de Gagarine. Plus stratégiquement, le pontife a attendu pour évoquer tous les "exploits spatiaux" de son époque, ce qui permet d'inclure implicitement les Américains Alan Shepard et John Glenn qui ont gagné l'espace en mai 1961 et février 1962. Le pape italien souligne l'enthousiasme que ces aventuriers de l'espace génèrent partout dans le monde, et notamment chez les jeunes. Puis s'exclame, avec des accents qui préfigurent l'encyclique l'encyclique Pacem in terris : "Puissent ces événements historiques, tels qu'ils seront marqués dans les annales de la connaissance scientifique du cosmos, devenir l'expression d'un progrès véritable et pacifique, un fondement solide de la fraternité humaine."

Un déclaration qui n'est pas sans rappeler celle prononcée par Gagarine depuis Vostok 1 : "D'ici, la Terre est belle, sans frontières ni limites." Une phrase qui a bien été prononcée, contrairement, selon la communauté scientifique, à la seconde sur l'absence de Dieu dans l'espace. En effet, aucun enregistrement de cette déclaration n'a été retrouvé et la communauté des historiens doutent que ces paroles aient réellement existées, s'appuyant sur certains témoignages de proches de Gagarine. Il semblerait que ces mots aient en fait été tirés d'un discours que Khrouchtchev a prononcé devant les caciques du Parti quelques jours après le vol de Gagarine.

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