L’été a (enfin) sonné et avec lui les envies de voyages et de grands déplacements. Certains, par souci d’économie, par paresse ou par goût, s’apprêtent à patienter longtemps, le pouce levé, le long des routes. Ils sont peut-être de fervents catholiques mais n’imaginent pas une seule seconde évoquer Dieu, leur foi ou la religion avec leur aimable conducteur. À d’autres ! Et pourtant, lorsque les méandres de la conversation y conduisent et que la confiance est instaurée dans l’habitacle, le trajet ouvre la porte au témoignage.
C’est ce dont témoigne avec beaucoup de joie et d’humilité Andéol Dudouit, 28 ans, auteur d'une Mystique de l’auto-stop (Première partie). Une relecture chrétienne de la pratique de l’auto-stop qu’il décrit comme un lieu de patience et d’humilité, un lieu de rencontre et de fraternité, un lieu de générosité et d’amour, bref, un avant-goût du Royaume. Auto-stoppeur chevronné et passionné depuis un premier trajet vers une abbaye à l’âge de 18 ans, professeur de français en région lyonnaise, célibataire, Andéol Dudouit offre un beau témoignage de son propre cheminement spirituel et donne des clés pour transformer un simple trajet en stop en une véritable rencontre avec l’autre. C’est de cette rencontre que peut naître, si les conditions s’y prêtent, le témoignage de foi.
Un lieu de rencontre
Dès lors où une voiture freine puis s’arrête, la rencontre a lieu. Le dialogue s’instaure, le passager prend place, dans cette posture un peu délicate de celui qui dérange. "Il faut trouver sa place et ce n’est pas si évident !", confie Andéol Dudouit à Aleteia. "La docilité et l’écoute sont les maîtres-mots." Sans ces deux attitudes, il n’y a pas de véritable rencontre. La docilité dans l’auto-stop, c’est cette aptitude à savoir quand parler et quand se taire, cette capacité à écouter le conducteur mais aussi à se raconter, à parler de soi. Autant de choses que le conducteur est en "droit" d’attendre de la personne qu’il a prise en stop. Andéol Dudouit évoque cette relation de don et contre-don qui n’existe que dans le stop : "Le stop, ce n’est ni un covoiturage, ni une course de taxi, et le conducteur est en droit d’avoir une forme d’attente vis-à-vis de celui qu’il vient d’accueillir", souligne-t-il.
La rencontre passe donc par l’écoute – une écoute qui doit être "zélée, intéressée et fraternelle" selon notre expert – et par la parole. L’auto-stoppeur doit savoir tenir une conversation et s’intéresser à l’autre, mais "il doit aussi savoir parler de lui, de ses projets personnels, de ce qu’il aime et des raisons qui l’entraînent à faire du stop". Et c’est ainsi, en parlant de lui et de ce qui l’anime, que l’auto-stoppeur peut être amené à témoigner de sa foi.
Une porte ouverte au témoignage
Mais comment évoquer sa foi sans être lourd ni faire de prosélytisme ? Cela tient parfois à l’évocation d’une destination, comme une abbaye par exemple, ou à un simple panneau sur le bord de la route qui annonce la prochaine ville en représentant sa cathédrale. "L’avez-vous déjà visitée ?" peut être une bonne entrée en matière pour partager sa propre expérience. Pour Andéol Dudouit, c’est en "racontant", à la manière des bergers qui racontent ce qu’ils ont vu la nuit de Noël, son cheminement de foi lié à la pratique de l’auto-stop, qu’il témoigne.
C’est sur le bitume et dans les voitures d’inconnus que ma foi a grandi.
"Je viens d’une famille catholique, j’ai fait du scoutisme, mais c’est vraiment la route qui m’a fait prendre conscience de la présence de Dieu. C’est sur le bitume et dans les voitures d’inconnus que ma foi a grandi et que le Christ est devenu le premier compagnon de mes aventures." Alors il raconte à ses interlocuteurs d’un jour sa joie liée à la pratique de l’auto-stop. Parce que c’est une expérience de la pauvreté. Parce qu’il rencontre des gens. Parce qu’il est le témoin de beaucoup de générosité. "L’amour est encore partout !", s’exclame-t-il. Et ses paroles deviennent alors un témoignage. "Raconter, aime-t-il à souligner, c’est exprimer ce qui fait notre joie, non pas pour changer ou convaincre l’autre, mais uniquement pour qu’il sache".
Néanmoins, ce passionné de la route rappelle que pour lui, le stop n’est pas d’abord un moyen d’évangélisation mais de déplacement. "S’il est dénué de cette fonction fondamentale, il perd de son essence et devient presque une tromperie". "L’auto-stoppeur n’est pas un missionnaire, il est un voyageur. La rencontre permet le témoignage, qui parfois conduit à l’évangélisation", souligne-t-il. Mais ce n’est pas le but premier. "La mission doit être vécue sans cesse, reconnaît ce catholique fervent, mais elle ne peut faire l’économie de l’écoute et de l’amitié".
Pratique