La formule est connue, prononcée par le pape Pie XI s’adressant en 1927 aux dirigeants de la Fédération universitaire catholique : "La politique est la forme la plus haute de la charité." En réponse à de jeunes Italiens du mouvement Scholas Occurrentes qui l’interrogeaient en mai 2022 sur la politique, le pape François a repris à son compte la définition de Pie XI pour montrer la grandeur, la réalité et les exigences de la politique.
Lors de cette rencontre, un jeune participant avait demandé au pontife argentin comment la jeunesse pouvait aujourd’hui changer la politique et développer l’esprit de Fratelli tutti. Sans avoir de "recette magique", l’évêque de Rome expliquait alors que si la "politique était la forme la plus haute de la charité", c’est que "l’amour [était] politique". C’est pour cela que la guerre est le contraire de la politique, et signe son échec quand elle se révèle incapable de dialoguer pour éviter le conflit armé. En ce cas, la politique "perd sa vocation d’unité, d’harmonie". Et d’insister : "La discussion est clé en politique, les parlements sont clés." Ils doivent, selon lui, garder toujours à l’esprit que "l’unité est supérieure au conflit".
Au service du bien commun
Si la méfiance à l’égard du politique croît aujourd’hui, cela vient d’une confusion sur sa nature. "On la confond avec une entreprise", a déploré le Pape, laissant entendre que la politique devrait être un service gratuit. "La politique est avant tout un service ; elle ne sert pas les ambitions individuelles, les factions dominantes et les intérêts particuliers", avait-il déjà rappelé en 2017 dans un message vidéo adressé à des catholiques latino-américains exerçant des responsabilités politiques réunis en congrès à Bogota (Colombie). "Elle n’est pas non plus une “patronne” prétendant réglementer toutes les dimensions de la vie des personnes, y compris de façon autocratique et totalitaire."
"Le point de référence fondamental de ce service, qui exige de la persévérance, de l’engagement et de l’intelligence, c’est le bien commun, sans lequel les droits et les aspirations les plus nobles des personnes, des familles et des communautés intermédiaires ne pourraient être pleinement réalisés, car il leur manquerait l’ordre social (“spazio ordinato e civile”) sans lequel on ne peut vivre et agir", a repris le souverain pontife. "Il est clair que le service ne doit pas être opposé au pouvoir — personne ne veut un pouvoir impuissant ! — mais le pouvoir doit être ordonné au service pour ne pas dégénérer. Autrement dit, tout pouvoir qui n’est pas ordonné au service dégénère."