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Ces phrases à ne pas dire à un couple qui vient de subir une fausse couche

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Morgane Afif - publié le 25/06/24
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Chaque année en France, plus de 200.000 femmes vivent une fausse couche. Comment réagir face à un couple qui annonce avoir perdu un enfant en cours de grossesse ? Des femmes qui ont fait face à cette épreuve témoignent pour Aleteia.

Les trois premiers mois d’une grossesse sont encore un tabou. Certaines se protègent en passant sous silence le premier trimestre, alors que plane encore sur la femme le risque de fausse couche. La fausse couche, qui survient au cours des cinq premiers mois de gestation, touche environ 15% des grossesses, selon l’Assurance maladie. Anne, Agathe, Catherine, Juliette, Julia, Gabrielle… Elles sont nombreuses à s’être confiées à Aleteia en revenant sur cette douloureuse épreuve.

“Tu retomberas vite enceinte” ou “ça marchera la prochaine fois”

Anne, qui a fait une fausse couche précoce, se souvient de cette réflexion qui l’a particulièrement blessée lorsqu’une amie qui a voulu la consoler lui a assuré : “tu as dû être déçue mais ne t'inquiète pas, tu retomberas vite enceinte”. “Je n’étais pas déçue, se souvient la jeune femme, j’étais en deuil. D’ailleurs, j’ai toujours été heurtée par ceux qui me parlaient d’une seconde grossesse si tôt après avoir perdu la première. C’est particulièrement rude dans le cas d’une fausse couche qui survient au cours des premières semaines de la grossesse, parce qu’autour de nous, les gens passent très vite à autre chose alors que pour nous, la souffrance demeure”. 

L’enfant non-né reste un enfant qui a vécu, aussi mystérieuse que soit cette courte vie.

Agathe, qui est retombée rapidement enceinte après l’arrêt spontané d’une grossesse, se souvient de l’indélicatesse de ses proches : “certains m’ont dit que maintenant que j’étais de nouveau enceinte, j’étais sûrement passée à autre chose. Pourtant ce bébé, même s’il ne naîtra jamais, a bel et bien existé dans mon cœur de maman et continue d’exister dans notre vie de parents”. Gabrielle, elle, a vécu trois fausses couches : “le ‘Tu en auras d’autres’, c’est la pire chose qu’on ait pu me dire. L’enfant non-né reste un enfant qui a vécu, aussi mystérieuse que soit cette courte vie. Respectons-là et ne cherchons pas à la remplacer, ni à être dans le déni de la souffrance de la perte de ce petit être”. Pour la jeune mère, c’est un véritable chemin de deuil qui débute alors avec la perte d’un bébé, quel que soit le stade de la grossesse : “Je pense qu'il faut respecter le chemin de deuil, qui peut prendre plus ou moins de temps. D’ailleurs, nous avons donné un prénom à chacun de nos trois enfants non-nés et de temps en temps nous prions pour eux et avec eux”. 

“C’est qu’il ne devait pas naître" ou "la nature a fait son travail”

“Je me souviens d’un parent qui nous a dit, à l’annonce de la perte de notre bébé : ‘Si ça ne s'est pas accroché c'est parce que ça aurait donné des anomalies’.” se souvient Julia. “C’était indélicat au possible, d’autant plus que je suis actuellement en parcours de diagnostic anténatal pour une suspicion de malformation de notre troisième enfant, qui s’est pourtant lui bien accroché.” Saskia, mère de deux enfants autistes, se souvient elle aussi avoir été heurtée par cette sage-femme qui a voulu la réconforter en lui disant : “il vaut mieux que la grossesse s’arrête plutôt que d'avoir un enfant handicapé”. “Avec mes deux enfants, je connais le handicap et cette phrase m’a choquée”. “Je pense que cela peut être très différent d’une personne à l’autre, estime Catherine. Personnellement les phrases bateaux du style ‘ça fonctionnera la prochaine fois’ ou ‘le corps est bien fait, c’est qu’il y avait une raison’ n’ont à mes yeux aucun sens, car on n’en sait rien. Je n’aime pas vraiment quand on me dit des choses comme ça”. 

“À ce stade, ce n’était pas encore vraiment un bébé” ou “ça arrive à tout le monde”

“Mon gynécologue m’a dit que ce n’était pas un bébé mais une anomalie et un amas de cellules. J’ai trouvé ça d’une violence incroyable, parce que je pensais à mon tout petit bébé qui avait déjà sa propre âme”, se souvient Anne. “D’autres considéraient que, puisque je n’avais pas eu le temps de faire d’échographie, alors c’était moins grave, comme si je n’avais pas vraiment été enceinte", poursuit la jeune femme. Lorsqu’ils ont appris que Catherine avait subi un arrêt naturel de grossesse, plusieurs de ses amis ont voulu la réconforter en lui assurant que “ça arrivait à beaucoup de monde”. Pourtant, s’exclame la jeune femme, “à ce moment là on s’en fiche que ça arrive à d’autres, on ne veut juste pas que ça nous arrive à nous !”. Armelle, elle aussi, a horreur qu’on lui parle des autres : “qu’on me dise, ‘Unetelle a fait une fausse couche, mais elle est retombée enceinte le mois d’après’ ça me fait une belle jambe. Tant mieux pour elle, vraiment, mais à ce moment précis je ne veux pas entendre parler de l’histoire des autres”. 

Réconforter une amie endeuillée

“Nous sommes tous les deux heureux d’avoir parlé de ma grossesse très tôt contrairement au tabou des trois mois car nous avons reçu beaucoup de soutien quand elle s’est arrêtée. Si nous n’avions rien dit, nous nous serions retrouvés seuls et ça aurait été beaucoup plus douloureux”, constate Catherine. “Je pense que la priorité c'est d'accueillir la souffrance du couple qui y est confronté, estime Gabrielle : souffrance de voir une vie partir, souffrance de voir s'éloigner l'espérance de la venue d'un enfant et souffrance de la femme qui souffre dans sa chair lors de l’expulsion de l’embryon”.

Certaines se font des tatouages pour avoir quelque chose qui reste, de tangible, quand il ne reste rien de ce petit bébé. Je les comprends.

“Au-delà des phrases toutes faites, je dirais que c'est d'abord l'attitude d'écoute, d'attention et de bienveillance de certaines personnes de notre entourage qui m'a personnellement marquée, estime Philippine. Je me souviendrai toujours de l'amie qui propose de m'emmener pour une petite virée, de celle qui vient me rendre visite avec mes cookies préférés pour me remonter le moral, de ma maman qui nous envoie des fleurs.” Anne et son mari, eux, ont choisi un prénom pour leur enfant non-né et ont fait dire une messe pour lui. “Certaines se font des tatouages pour avoir quelque chose qui reste, de tangible, quand il ne reste rien de ce petit bébé. Je les comprends. J'ai surtout constaté que celles qui comprennent le mieux sont celles qui sont passées par là”. D’autres, encore, confient ces petites âmes à Notre-Dame des tout-petits défunts de Montligeon, pour remettre à Dieu ces innocents qui ne verront que le jour Nouveau.

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