Ils sont colocs depuis quelques semaines ou plusieurs mois déjà, logés dans un immeuble du diocèse de Lyon, au cœur de l'évêché, et ils apprennent à vivre ensemble pour rompre leur solitude, sortir des galères de la rue ou encore partager des moments d'amitié et de rencontres. Les colocations Lazare, qui essaiment aujourd'hui dans toute la France ne se présentent plus, mais elles font toujours parler d’elles, tant les idées fusent ! Et à Lyon, l’idée est venue d’un ancien coloc justement, qui a proposé à ses colocataires de se lancer un nouveau défi à la rentrée 2023 : se mettre au théâtre ! "Au départ, l'idée était de faire du théâtre d’impro, et puis à force de discussions, on a eu envie d’écrire une vraie pièce, et de trouver un maximum de rôles pour jouer tous ensemble", explique à Aleteia Gabriel, l’un des responsables de la coloc.
Depuis novembre dernier, les colocs ont pris la plume pour écrire à plusieurs mains une pièce qui parle d’eux tout en restant accessible et drôle. Voilà donc l’histoire du maire de Lyon qui veut se faire réélire et organise pour cela une grande soirée de recherche de fonds avec les grosses fortunes lyonnaises. Mais par un quiproquo, ce sont les colocs Lazare qui se retrouvent invités et ils vont mettre le feu à la soirée ! "Nous avons écrit les grandes lignes au début, puis pour être honnête, nous avons fait évoluer le texte jusqu’à l’acte quatre, il y a quelques heures à peine", rigole encore Gabriel, qui joue justement le rôle du maire. "C’est un peu la patte Lazare, toujours un peu d’impro, quelques retards et aménagements de dernière minute, et finalement tout se passe bien !", ajoute la petite troupe d’acteurs en pleine répétition générale, alors que décors et placements ne sont pas encore tous calés. N'empêche, ils répètent depuis des mois, ont travaillé aussi bien leur diction que leurs entrées, et tous sont unanimes, c’est une formidable aventure à vivre.
De vrais acteurs
Pour mettre en scène leur pièce qui s’avère drôle et enlevée, les colocs ont fait appel à Luc Desroche qui a créé l’association Parole d’Homme, spécialisée dans la prise de parole et le théâtre. "Le théâtre permet notamment à des publics fragilisés de retrouver l’estime de soi et la confiance en l’autre", confie celui-ci, sans dissimuler que certaines répétitions pendant l’année ont été épiques. "J’ai l'habitude de faire différents types d'exercices, de voix, de mimes ou autres, et parfois, certains colocs refusaient ou même quittaient la pièce quand cela trouvait un écho trop difficile pour eux", raconte encore Luc Desroche. Alors il a adapté ses méthodes en fonction de chacun. "Et pourtant très vite, j’ai été stupéfait du travail et des efforts de chacun, tous arrivent à sortir de leurs soucis pour devenir de vrais acteurs, à l’aise sur scène."
Le résultat est là. Sur scène Fleur, Alex, Kaes, Christelle et les autres récitent leur texte de façon fluide, dans une belle connivence où chacun est prêt à soutenir l’autre en cas de trou de mémoire, un classique même chez les plus grands acteurs ! "C’est une opportunité géniale, il y a tellement de bienveillance, d’aide et d’entraide", conclut Christelle, 55 ans, en colocation Lazare depuis deux ans, et qui joue sur scène une responsable de communication chargée de trouver les meilleurs slogans de campagne. À la ville ou à la scène, assurément Lazare fait bien les choses !
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