Jeunes actifs et anciens sans-abris, croyants ou non, 200 colocataires de l'association Lazare vont rencontrer le pape François ce samedi 28 août. Et ce ne sont ni les kilomètres ni les protocoles sanitaires qui vont entamer leur enthousiasme. "C'est une grande joie d'être ensemble à Rome, venant d'une dizaine de villes de France et de plusieurs pays étrangers", se réjouit Pierre Durieux, secrétaire générale de l'association. Plusieurs de nos colocs n'avaient jamais pris l'avion et certains se sont levés à 3h du matin pour être ici !"
Au Vatican, les colocataires qui viennent des maisons de Nantes, d’Angers, de Toulouse, de Vaumoise, de Lyon, de Marseille, de Lille, de Bordeaux et de Valence et les membres des maisons internationales de Bruxelles, Madrid, Mexico et Genève pourront profiter d'un moment privilégié avec le pontife. Un temps d'échanges et de questions voulu en toute simplicité. Si la salle Paul VI accueillera pour la première fois les membres de l'association, c’est en fait la deuxième fois que le Pape s'entretient avec eux.
À l'occasion des dix ans de l'association, en mai 2020, une petite délégation avait été reçue à Sainte-Marthe. "C'était notre week-end national", se rappelle Charlotte, colocataire dans la maison de Nantes. L'audience en plein Covid avait rassemblé huit personnes au Vatican et une centaine d'autres en visioconférence. Les discussions s'étaient enchaîné pendant plus d'une heure et une question audacieuse était venue conclure l'échange :"Acceptez-vous que nous venions l’année prochaine tous ensemble vous voir ?" "Bien sûr ! J’en serais heureux », leur avait répondu François, avant d’enchaîner, hilare : "Mais à une condition ! Que les Mexicains qui viennent de chanter chantent plus juste !"
La promesse a donc été tenue, après un an d'échanges épistolaires (manuscrits !) entre le Pape et l'association ainsi que des contacts réguliers avec son secrétaire. Il faut trouver une entrée dans l'agenda du chef de l'Église universelle... et imaginer une logistique rodée. En effet, c'est plus d'une centaine de colocs des maisons Lazare du monde entier qui sont de la partie. "On imagine la charge du Pape ! De notre côté, il a fallu évaluer les possibilités en fonction des contraintes sanitaires de ces derniers mois", se souvient Pierre Durieux.
Alors une deuxième rencontre mais pourquoi ? "Tout simplement pour voir la personne", s'exclame Orelio, colocataire à Vaumoise dans l'Oise. "Le Pape comprend les gens, il aime rire, plaisanter, il a une simplicité et une bienveillance."
Du côté du secrétaire général on mesure la portée de l'évènement : "Lazare est une belle initiative, petite et symbolique : cette rencontre est une marque de confiance. On peut la percevoir comme un encouragement pour tous. Je devine qu'il voit dans Lazare, une des illustrations de son pontificat : une église pauvre pour les pauvres."
Si une rencontre au Vatican laisse forcément place à un temps protocolaire, les participants s'attendent à vivre une rencontre pleine d'humanité. "On peut parler de nos histoires, lui [le Pape] poser des questions... Il répond de la même manière que l'on soit athée ou catho, ils prend les gens comme ils sont", fait remarquer Orelio.
Certains ont dit que Jean Paul II était le pape du regard, Benoît XVI, celui de l'écoute. François est peut-être le pape du toucher, je pense à ses étreintes avec les pauvres, les personnes handicapées, malades.
"Nous serons attentifs aux paroles du Pape, s'il nous encourage dans telle ou telle direction, s'il souligne tel aspect de notre engagement. Certains n'ont jamais lu une ligne de François mais pourront ressentir par un geste ce que peut être l'Église", confie le secrétaire général.
Il s'agit pour huit d'entre eux d'une deuxième rencontre "en vrai" mais Charlotte en est sûre, sa saveur sera différente notamment à cause de "la joie et la profondeur qui seront partagées tous ensemble." Et ce sera également l'occasion de "s'imprégner davantage de ce message de paix de partage et d'écoute que transmet le Pape. Tout ça, on le vit à Lazare, la simplicité d'un bonjour qui remplit le cœur et qui fait qu'on se sent vivant."