Après un an d’exil forcé, le cardinal Louis Raphaël Sako, patriarche de l’Église chaldéenne, s’apprête à rentrer à Bagdad. Le premier ministre irakien a récemment prononcé la restitution de ses fonctions officielles en tant que chef de la communauté chaldéenne en Irak, a annoncé l’Église chaldéenne ce mardi 11 juin. Cette décision vient clore le bras de fer entre le gouvernement irakien et Mgr Sako, dont la responsabilité légale en tant que chef religieux avait été révoquée en juillet 2023 par le président Abdel Latif Rashid.
Pour justifier cette décision, le gouvernement irakien assurait à l’époque que le décret de reconnaissance de ses fonctions aurait été pris "sans fondement constitutionnel ou juridique". Cette annulation ayant pour effet de priver Mgr Sako de son immunité et de sa capacité à gérer les biens de l’Église chaldéenne, le chef religieux avait décidé de quitter Bagdad pour s’installer à Erbil (Kurdistan irakien). Pour ce dernier, le choix du président était de nature purement politique et visait à le sanctionner après ses propos dénonçant l’invisibilisation de la communauté chrétienne dans les institutions irakiennes, notamment au Parlement. Mgr Sako dénonçait le fait que des sièges en principe réservés à la communauté chaldéenne étaient en réalité confisqués par des parlementaires musulmans. "L’héritage islamique a fait des chrétiens des citoyens de seconde zone et permet l’usurpation de leurs biens", pointait Mgr Sako le 21 août 2023.
400.000 chrétiens en Irak
Depuis lors, le patriarche chaldéen s’était lancé dans une bataille juridique et médiatique pour recouvrer ses droits et rentrer à Bagdad auprès de sa communauté. Une bataille qu’il a finit par gagner, un an après sa destitution. "Oui je rentre à Bagdad (...) je suis très heureux parce que le droit a vaincu, cela donne beaucoup d'espoir aux chrétiens et pour le respect de leurs droits", s'est réjouit le cardinal, auprès de l'AFP. Figure médiatique de la communauté chrétienne irakienne, Mgr Sako est à la tête d’une Église qui a particulièrement souffert de l’instabilité politique et des guerres successives. Alors qu’ils représentaient 1,4 millions de fidèles en 2003, on estime que les chrétiens ne sont plus que 400.000 à vivre en Irak aujourd’hui.