Le pape François se rend ce samedi 18 mai à Vérone, en Italie. Il s'agit de sa 38e visite pastorale en Italie. Mondialement connue grâce à la tragédie de Shakespeare, Vérone a été le théâtre d'événements peu connus de l'histoire des papes...
1Roméo gibelin et Juliette guelfe ?
Le célèbre drame de Shakespeare est lié au grand conflit qui a opposé les guelfes, partisans du Pape, et les gibelins, partisans de l'empereur, entre les XIIe et XIVe siècles. Vérone fut en effet le lieu de violents affrontements entre ces factions, notamment après la prise de la ville par le gibelin Ezzelino le Féroce en 1225. La fiction dépasse souvent l'histoire, puisque les familles Cappelletti et Montecchi – anglicisées par Shakespeare en Capulet et Montaigu – ne se sont jamais affrontées à Vérone. Mais une lutte très violente entre des clans familiaux a en effet fait rage pendant cette période, au point d'arriver aux oreilles inspirées du barde d'Avon.
2Un pape et un concile oubliés
Acteur lui aussi de l'opposition de la papauté au Saint-Empire, Ubaldo Allucingoli, devenu le pape Lucius III en 1185, n'est pas le pontife le plus connu de l'histoire. Après son élection, il s'est opposé à l'empereur Frédéric Barberousse sur une querelle de territoires et des revenus qui y étaient rattachés. En 1184, il gagne Vérone pour discuter avec l'empereur, sans obtenir de résultats. Il profite de sa présence dans la cité pour y convoquer la même année un concile aujourd'hui oublié, qui aboutit à la condamnation de plusieurs hérésies dont celles des cathares, des vaudois et des patarins. La réunion se conclut par la bulle Ad abolendam qui institue l'inquisition au niveau épiscopal. Pendant cette période, Rome est agitée par de violents conflits et Lucius III décide de ne pas y retourner. C'est ainsi qu'il gouvernera souvent depuis Vérone, où il meurt en 1185. Sa tombe et sa dépouille se trouvent toujours dans la cathédrale de la ville.
3Le Pape et le Fléau de Dieu
Bien des années auparavant, au Ve siècle, la ville a accueilli une rencontre de deux géants. La ville de Vérone, grâce à l'action de son saint évêque Zénon, était depuis peu convertie au christianisme au moment de la chute de l'Empire romain d'Occident. La cité se retrouva sur le chemin des "invasions barbares" - expression aujourd'hui abandonnée par les historiens – avec notamment la prise de la ville par les Goths en 402. En 452, les armées d'Attila, chef de guerre des Huns, débarquent en actuelle Vénétie. Pour repousser le "Fléau de Dieu" qui a annoncé vouloir se rendre maître de l'Italie, le pape Léon Ier le Grand se présente sans arme mais avec un crucifix à Salionze, à proximité de Vérone. Attila, qui était romanisé, reçoit dignement son hôte et, après un entretien secret, renonce à ses ambitions sur la Botte. Une célèbre représentation de cette rencontre historique, réalisée par le peintre Raphaël, se trouve aujourd'hui dans le palais du Vatican.