Le programme du pape François à Vérone ce samedi 18 mai inclut à la mi-journée une visite à la “Casa circondariale di Montorio”, un établissement pénitentiaire où il devrait passer plus de deux heures, afin d’y rencontrer les agents de la police pénitentiaire, les volontaires et les détenus, avec qui il partagera le déjeuner. L’administration pénitentiaire a précisé que Filippo Turetta, poursuivi pour l’assassinat de sa petite amie Giulia Cecchettin, qui a suscité un immense choc dans l’opinion publique en Italie, ne faisait pas partie des détenus qui seront autorisés à rencontrer le Pape. Cette visite s’inscrit dans la continuité de celle menée à Venise, le 28 avril dernier, où il avait commencé sa journée en rencontrant longuement des détenues dans la prison de la Giudecca. “La prison peut être un lieu de renaissance”, avait-il assuré, dans un contexte d’implication de ces détenues dans un projet artistique présenté par le Saint-Siège dans le cadre de la Biennale de Venise.
Le pape François, qui avait l’habitude de visiter des prisons en Argentine - notamment car l’un de ses frères y fut détenu, expliquait le défunt journaliste suisse Arnaud Bédat dans son livre François l’Argentin - a adressé de nombreux signes de compassion aux détenus notamment lors de ses voyages à l’étranger. L’une des images fortes de sa visite au Chili en janvier 2018 fut ainsi sa visite dans une prison pour femmes, où il fut accompagné par la présidente de l’époque, Michelle Bachelet.
Le rite du lavement des pieds
Devant 600 femmes très enthousiastes et émues, et après avoir écouté avec délicatesse la demande de pardon d’une détenue, le pape François les avait invitées à se relever et à garder la conscience de leur dignité. “Jésus nous invite à abandonner la logique simpliste de diviser la réalité entre bons et mauvais, pour entrer dans une autre dynamique à même d’assumer la fragilité, les limites, et y compris le péché, pour nous aider à aller de l’avant”, avait alors lancé le Pape.
Les messes du Jeudi saint à Rome ont aussi souvent été l’occasion pour le Pape de célébrer le rite du lavement des pieds en prison, et ce dès le début de son pontificat, où il célébra ce rite dans une prison pour mineurs. Le 28 mars dernier, le Pape s’était rendu dans le département pour femmes de la vaste prison romaine de Rebibbia. “Tous, nous connaissons toujours de petits et grands échecs, chacun a sa propre histoire”, avait affirmé François dans une brève homélie improvisée, ajoutant que le Seigneur nous attend toujours les bras ouverts et ne se lasse jamais de pardonner. En fauteuil roulant, le pape François avait pu procéder au traditionnel lavement des pieds grâce à l’installation d’une petite estrade sur laquelle avaient été assises les douze prisonnières choisies. Après avoir versé de l’eau sur les pieds des douze prisonnières, il les a séchés avec une serviette avant de les embrasser, suscitant chez certaines des détenues des larmes d’émotion.
Mais François n’est naturellement pas le premier pape à avoir visité des prisons. L’une des images fortes du pontificat de Jean Paul II fut, en 1983 dans cette même prison de Rebibbia, son étreinte avec Mehmet Ali Agça, le terroriste turc qui avait tenté de l’abattre deux ans auparavant le 13 mai 1981. Quitte à choquer et à surprendre, les papes tentent ainsi de montrer l’exemple aux chrétiens, en suivant cette parole du Christ dans l’Évangile selon saint Matthieu, au chapitre, 25, verset 36 : “J’étais en prison, et vous m’avez visité”.