Devant l'écran, les minutes filent et le temps passe à toute allure. Cinq, dix, vingt minutes, une heure, ou deux : une vidéo en appelle une autre, une photo, téléphone à la main, yeux rivés sur l'écran bleuté, le regard hagard. Tout à coup, le retour à la réalité frappe avec cette amertume sévère propre à celui qui sait qu'il a perdu son temps. Penaud, on se promet : fier, on s'assure : on ne nous y reprendra pas deux fois. Demain, on troquera son téléphone pour un livre pour s'assurer un divertissement plus spirituel en ces 40 jours de carême. Demain, éternel demain condamné à rester le jour d'après. Le lendemain, on tend pourtant la main, on attrape l'écran, on étend le pouce et comme la veille, les images défilent, les minutes filent et le temps passe à toute allure. Cinq, dix, vingt minutes, une heure, ou deux.
Est-il un saint divertissement sur les réseaux ? L'étymologie du mot nous révèle que non : du latin divertere ("détourner"). Le divertissement détourne, de ses préoccupations, déjà, et de Dieu, surtout. Tout n'est pas à jeter dans les réseaux, puisque Dieu - comme parmi les casseroles selon la formule de sainte Thérèse d'Avila - y marche aussi. En ce temps de carême, il est toutefois bon de savoir poser, au prix de l'effort et de la volonté, son téléphone ou son ordinateur, pour se rappeler que le Christ n'est pas mort sur la Croix pour que l'homme perde son temps sur les réseaux.