"Vous êtes heureux !", s’est émerveillé le pape François en recevant, le 4 janvier 2024 au Vatican, une délégation de la Fraternité missionnaire des cités. Ce groupe venu de plusieurs villes de la banlieue parisienne – Trappes, Bondy, La Courneuve et Sarcelles – a témoigné du dynamisme de la vie chrétienne dans ces paroisses revendiquant leur appartenance aux "périphéries". Cette délégation était constituée de douze jeunes et de 14 accompagnateurs, parmi lesquels cinq prêtres.
Une ambiance de fête
C’est avec une "spontanéité marrante", pour reprendre les mots d’un participant que le pape François a reçu ce groupe atypique, venu à sa rencontre en chantant. Le Pape, fatigué, mais ému, a délaissé son texte pour une brève improvisation sur la transmission de la parole, "qui est créative quand elle est dite et transmise, mais doublement créative quand elle est chantée, et triplement créative quand elle est dansée", a-t-il détaillé, en s’appuyant sur l’ambiance festive de cette audience qui a duré une vingtaine de minutes. "Vous parlez souvent des périphéries, mais aujourd’hui, ce sont les périphéries qui sont venues à vous !", a lancé une jeune fille au Pape lors de cette rencontre. François a pris le temps de saluer chaque membre du groupe, encourageant chacun à persévérer dans son engagement.
Emma, 20 ans, étudiante en BTS de communication et surveillante dans un collège, est venue de la paroisse de Sarcelles (Val d'Oise) avec son curé et deux autres jeunes. "C’était court, mais incroyable, le Pape nous a écoutés, il était heureux de nous voir chanter, ça lui a fait plaisir. On sait qu’il est touché par notre vie dans les banlieues", explique-t-elle. Cette jeune fille dynamique témoigne de la profusion d’activités pastorales dans laquelle elle s’est engagée au sein de cette paroisse administrée par des prêtres de la Communauté Saint-Martin. "Je suis animatrice pour les collégiens et les lycéens, et je fais partie de l’aumônerie des 18-30 ans. On fait beaucoup de louanges, beaucoup d’adorations, des messes", témoigne-t-elle. "Récemment, nous avons organisé avec d’autres paroisses de banlieue une nuit d’adoration et de louange, “La Cité céleste”, pour laquelle près de 500 personnes sont venues", raconte-t-elle. "Et lors de l’Ascension, nous avions réuni un millier de jeunes pour une journée festive avec une messe, un repas et un tournoi de foot", précise la jeune fille, ravie de pouvoir témoigner, au cœur du Vatican, de ce dynamisme méconnu des paroisses de banlieue.
Manifester la présence d’un "Dieu compatissant"
Dans son texte initialement prévu, non prononcé, mais remis aux participants et aux médias, le Pape invite "à vivre généreusement la fraternité au cœur des quartiers" et à promouvoir "une ouverture du cœur, des mains, des oreilles pour un accueil authentique". "La fraternité est le ferment de paix que réclament les banlieues : elle permet à chacun de se sentir accueilli tel qu’il est, là où il en est", insiste-t-il, après que les émeutes de juin et juillet 2023 aient incité les membres de cette Fraternité missionnaire des cités à rencontrer le nonce apostolique en France, Mgr Celestino Migliore, en vue d’une prise de contact avec le Pape en personne.
"Je vous exhorte, à chacune de vos rencontres, à découvrir en vos frères la présence du Seigneur Jésus, et à manifester la présence d’un Dieu compatissant", insiste le pape François dans son discours. "Je sais aussi combien la violence, l’indifférence, la haine peuvent marquer parfois les quartiers", reconnaît le Pape, sensibilisé aux problèmes de pauvreté et de violence urbaine durant ses plus de 20 ans de service comme évêque auxiliaire puis archevêque de Buenos Aires, en Argentine. François souligne leur "mission courageuse et nécessaire d’y apporter la proximité, la compassion et la tendresse de Dieu, à des personnes souvent privées de dignité et d’amour".