Le dicastère pour la Doctrine de la foi a rendu publique le 2 octobre 2023 une lettre du pape François, datée du 11 juillet dernier, répondant à cinq cardinaux (Brandmüller, Burke, Sandoval Íñiguez, Sarah et Zen) qui avaient adressé un message exprimant leurs doutes – dubia, dubium au singulier, en latin – à l’approche de l’ouverture du Synode sur l’avenir de l’Église et notamment la question de la synodalité comme "dimension constitutive de l’Église".
Que comprendre de la réponse du Pape ?
"L'Église est un "mystère de communion missionnaire"", rappelle ici le pape François. Mais cette communion n'est pas seulement affective ou éthérée, "elle implique nécessairement une participation réelle : non seulement la hiérarchie, mais tout le Peuple de Dieu, de différentes manières et à différents niveaux, peut faire entendre sa voix et se sentir partie prenante du cheminement de l'Église". "En ce sens, nous pouvons dire que la synodalité, en tant que style et dynamisme, est une dimension essentielle de la vie de l'Église", répond François.
Retrouvez ici une traduction de la question des cardinaux, posée en espagnol, concernant la bénédiction des unions homosexuelles, suivie de la réponse du Pape, traduite de l’italien.
3) Dubium sur l'affirmation que la synodalité est une «dimension constitutive de l'Église» (Const.Ap. Episcopalis Communio 6), de sorte que l'Église serait synodale par nature.
Étant donné que le Synode des évêques ne représente pas le Collège des évêques, mais n'est qu'un organe consultatif du Pape, les évêques, en tant que témoins de la foi, ne peuvent pas déléguer leur confession de la vérité, il est demandé si la synodalité peut être le critère régulateur suprême du gouvernement permanent de l'Église sans dénaturer sa structure constitutive voulue par son Fondateur, en fonction de quoi l'autorité suprême et plénière de l'Église est exercée, tant par le Pape en vertu de sa charge, que par le collège des évêques avec son chef le pontife romain (Lumen Gentium 22).
Réponse du pape François à la troisième question
a) Bien que vous reconnaissiez que l'autorité suprême et plénière de l'Église est exercée à la fois par le Pape en vertu de sa charge et par le collège des évêques avec leur chef, le Pontife romain (cf. Concile œcuménique Vatican II, Constitution dogmatique Lumen Gentium, 22), vous manifestez par ces questions votre besoin de participer, d'exprimer librement votre opinion et de collaborer, demandant ainsi une forme de "synodalité" dans l'exercice de mon ministère.
b) L'Église est un "mystère de communion missionnaire", mais cette communion n'est pas seulement affective ou éthérée, elle implique nécessairement une participation réelle : non seulement la hiérarchie, mais tout le Peuple de Dieu, de différentes manières et à différents niveaux, peut faire entendre sa voix et se sentir partie prenante du cheminement de l'Église. En ce sens, nous pouvons dire que la synodalité, en tant que style et dynamisme, est une dimension essentielle de la vie de l'Église. Saint Jean Paul II a dit de très belles choses sur ce point dans Novo millennio ineunte.
c) Sacraliser ou imposer une certaine méthodologie synodale qui plaît à un groupe, pour en faire une norme et un chemin obligatoire pour tous, est une chose différente, car cela ne conduirait qu'à "geler" le chemin synodal, en ignorant les différentes caractéristiques des diverses Églises particulières et la richesse bigarrée de l'Église universelle.