Dans l’Évangile, ce dimanche, Jésus s’adresse aux douze apôtres. Il les enseigne avant de les envoyer en mission. Des apôtres qui, voici encore quelques semaines, étaient des pêcheurs galiléens, des fonctionnaires des impôts, ou de petits artisans. Ils étaient loin d’imaginer alors ce à quoi les mènerait la rencontre du jeune rabbi de Nazareth, ce Jésus qui bouleverserait bientôt leur destinée, tout comme celle de quiconque se laissera un jour entraîner, à l’écoute de l’Évangile. Que dit Jésus aux apôtres ? "Rien n’est voilé qui ne sera dévoilé, rien n’est caché qui ne sera connu" (Mt 10, 26). Ce que Jésus dit aux disciples dans le secret des villages de Palestine, et qui semble voilé et caché au reste du monde, ce message discret, voilà qu’il sera bientôt dévoilé et connu de tous, sans limitation ni considération de races, de cultures, ni de frontières. Pour mener à bien cette mission, le Seigneur compte sur les apôtres, il les appelle. Et nous avec eux.
Dans l’intimité du cœur
L’expérience que nous vivons avec le Seigneur commence toujours dans l’intimité du cœur, dans les replis cachés de ce cœur à cœur qu’Il entretient avec nous et où, secrètement mais sûrement, Il nous dit jusqu’à quel point Il nous aime, jusqu’à vouloir nouer une alliance avec chacun de nous. Le Seigneur n’attend cependant pas que nous gardions jalousement pour nous le secret que nous donne son amour. Il nous demande de l’annoncer à nos proches, à tous, au monde entier. À tous ceux auprès de qui, selon la nécessité et les événements, Il nous envoie : "Ce que je vous dis dans les ténèbres, dites-le en pleine lumière" (Mt 10, 27).
Ce que le Seigneur nous dit au creux de l’oreille, il nous somme de le proclamer à tous.
Il devient alors impossible de vivre notre foi et la grâce que nous donne le Seigneur, comme une affaire secrète ou privée, à confiner dans l’intime de notre cœur. Ce que nous avons reçu de Lui est si bienfaisant qu’il nous commande de le partager à notre tour et à tous. Prenons garde, car si nous ne donnons pas ce que nous avons reçu, alors nous risquerions de le perdre. Ce que le Seigneur nous dit au creux de l’oreille, il nous somme de le proclamer à tous.
N'ayez pas peur !
"Dire ma foi devant mes collègues, en parler à mes voisins, à ma famille, non, vraiment, je ne le pourrais pas, je n’oserais pas." Souvent nous entendons cela, et peut-être l’avons-nous déclaré nous-mêmes un jour. Que dit le Seigneur de cette crainte, d’une telle appréhension ? L’Évangile aujourd’hui le scande à trois reprises : "Ne craignez pas les hommes, ne craignez pas, soyez donc sans crainte" (Mt 10, 28). Nous le savons, le contraire de la foi n’est ni le doute ni l’incroyance, mais bien la crainte et la peur. L’Écriture est ponctuée, de la première à la dernière page, par cette injonction de ne laisser aucune prise à la peur, pour entrer, malgré les persécutions, dans le paisible et joyeux mouvement de la foi, qui mène chacun au Royaume.
Maintenant encore, les prophètes de ce temps, pensons à Jean Paul II, proclament à l’envi : "N’ayez pas peur ! Un n’ayez pas peur" qui fait tomber les murs, jusqu’à ceux qui semblent les plus invulnérables.
Laissons-nous aimer
Renier le Seigneur devant les hommes, ne pas laisser grandir sa Parole en nos cœurs, voilà ce qui peut tuer l’âme et le corps. Voilà ce qui conduit à la géhenne, lieu de souffrance où sont parqués les exclus du salut, comme au temps de Jésus, on parquait les lépreux dans cette vallée étroite et profonde, au sud-ouest hors des murs de Jérusalem. C’est ce qu’a connu le premier des apôtres quand il renia son Seigneur devant les hommes. Seul le regard aimant de Jésus l’aura sorti de cet enfer, et c’est en larmes que Pierre en échappa. Encore et toujours, Jésus descend dans nos enfers, car son amour pour nous ne veut rien d’autre sinon nous en sortir, à la douceur d’un seul regard. Laissons-nous regarder par Jésus, versons des larmes sur nos reniements et ne lui lâchons pas la main. "Même les cheveux de notre tête sont tous comptés" (Mt 10, 30). Qui mieux que le Seigneur pourra nous aimer ainsi, et dénombrer, un à un, chacun de nos cheveux ? Laissons-nous aimer d’un tel amour. Voilà qui nous immunisera à jamais contre toute peur.