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À Kiev, l’envoyé du Pape en mission de déminage

Ukrainian President Volodymyr Zelensky shaking hands with Pope Francis' peace envoy to Ukraine Cardinal Matteo Zuppi

Le cardinal Zuppi lors d'une rencontre avec le président ukrainien Zelenski le 6 juin 2023.

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Michel Cool - publié le 10/06/23
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Envoyé par le pape François en Ukraine, le cardinal Zuppi a rencontré le président Zelenski. Pour notre chroniqueur Michel Cool, cette mission de déminage illustre bien la vocation diplomatique essentielle de l’Église catholique.

Le pape François a dépêché à Kiev, les 5 et 6 juin derniers, le cardinal Matteo Zuppi pour rencontrer des acteurs humanitaires et politiques de l’Ukraine en guerre, depuis son invasion par la Russie, dans la nuit du 23 au 24 février 2022. Le point d’orgue de sa visite a été sa rencontre avec Volodymyr Zelenski. Devant l’émissaire du Pape, le président ukrainien en kaki a défendu son plan de paix, présenté comme un préalable à tout règlement négocié du conflit : celui-ci exige le retrait des troupes russes de l’Ukraine, des réparations et des poursuites judiciaires contre les chefs militaires russes. "Comme la guerre se déroule sur notre territoire, l’algorithme pour parvenir à la paix ne peut être qu’ukrainien", soutient le chef d’État. Ses échanges avec le cardinal se sont déroulés en outre dans le contexte alarmant de la destruction du barrage HPP de Kakhovka dont les deux belligérants se renvoient la responsabilité. Le président Zelenski a une nouvelle fois dénoncé les "horribles crimes de guerre" commis par la Russie. 

Charité diplomatique 

Le cardinal Zuppi a pour sa part réitéré "la solidarité du pape François avec le peuple ukrainien" et a assuré son interlocuteur de la disponibilité du Saint-Siège pour mettre en œuvre des missions humanitaires facilitant la libération de prisonniers par exemple. Depuis le début de la guerre, le Vatican a adopté une certaine neutralité diplomatique : tout en déplorant l’agression russe, il plaide pour le maintien d’un dialogue avec Moscou. Les appels du pied du pape François à l’orthodoxie russe lors de son dernier voyage en Hongrie allaient en ce sens. Un sens qui n’a pas l’heur de plaire à Kiev pour qui le moment n’est pas aux pourparlers, mais à la mise en échec de la Russie sur le terrain militaire. Ensuite viendra l’heure des négociations, sur la base des conditions posées par l’Ukraine, cela va sans dire pour Zelenski. 

Autant dire que la mission du cardinal Zuppi n’était pas aisée. Sa brièveté dans le temps n’empêcha pas son intensité dans l’action, comme l’a souligné à son retour un communiqué du Vatican. Cette intensité aura certainement été présente dans les rencontres et les conversations qu’a menées sur le sol ukrainien cet homme d’Église au tempérament chaleureux et aussi doué d’une force d’écoute et de compréhension peu commune. Membre de la communauté Sant’Egidio, Matteo Zuppi a participé à plusieurs médiations par le passé dans des zones de conflits en Afrique et au Pays basque. Elles se sont se soldées par des rapprochements voire par des dénouements pacifiques. Praticien de ce qu’on pourrait appeler la charité diplomatique, l’archevêque de Bologne s’était envolé vers Kiev avec des objectifs modestes mais précis : "Si au moins on arrivait à trouver où l’on emprisonne la paix, ce ne serait pas peine perdue", disait-il en substance avant son départ. Le cardinal de Bologne, soudain propulsé sur le devant de la scène internationale par la volonté du Pape, a conçu son rôle comme celui d’un démineur au service d’une paix fiable, qui finira bien par arriver. Et, on l’espère, le plus vite possible.

L’Église a les moyens d ‘être un efficace "gardien de la paix" sur la planète.

Cette mission de déminage dans des régions conflictuelles pourrait bien être la vocation diplomatique essentielle de l’Église catholique dans le monde hyper tendu et belliciste dans lequel nous vivons : un monde fébrilement multipolaire, pratiquant de moins en moins le multilatéralisme, comme le démontre l’impotence croissante de l’ONU ; un monde se relançant dans une course folle au réarmement militaire.

L’Église a les moyens d ‘être un efficace "gardien de la paix" sur la planète. Sa couverture diplomatique est universelle ou presque. Elle est exercée par un personnel qualifié et compétent. L’Église enfin ne défend ni drapeau, ni territoire, ni idéologie. Elle est libre et totalement dédiée au service de la paix. Pour elle, la paix n’est ni une idée ni un idéal, mais bien plus encore, un don reçu de Celui en qui elle croit. Ce legs l’oblige plus que toute autre organisation humaine : la paix est ainsi ce qu’elle a d’essentiel à partager à l’humanité. Dusse-t-elle apparaître aux commentateurs de l’actualité en servante inutile. Plus que jamais, l’Église, le Saint-Siège, le Pape ont la vocation être des démineurs au service de la paix de Dieu pour leurs contemporains. Des acteurs clés de la charité diplomatique. 

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