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Le Pape aux ambassadeurs : pas de paix sans liberté des nations

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Le pape François le 10 janvier 2022 à l'occasion de ses voeux aux ambassadeurs.

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Jean-Baptiste Noé - publié le 12/01/23
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La tradition des vœux diplomatiques est l’occasion pour le Saint-Père de préciser l’action de l’Église pour la paix dans le monde. Auteur de “François le diplomate” (Salvator), le géopoliticien Jean-Baptiste Noé analyse le message de 2023 : la paix ne se limite pas au silence des armes, mais passe par l’établissement de la justice, le respect de la liberté des nations, du droit de la vie, la liberté de religion et de conscience.

Une image de la place de l’Église dans le monde, ainsi pourrait se résumer la tradition des vœux au corps diplomatique. Dans la salle des Bénédictions, le Pape reçoit les ambassadeurs et les représentants des 184 États avec qui le Saint-Siège entretient des relations diplomatiques. Sous l’aspect formel et les figures imposées d’un tel rendez-vous annuel, c’est le rôle de l’Église dans le monde qui s’exprime et se manifeste, comme acteur essentiel de la diplomatie mondiale. 

Accroissement des liens diplomatiques

La réalité diplomatique de l’Église s’est notamment manifestée lors des obsèques de Benoît XVI, qui virent converger de nombreuses délégations ; la France était représentée par son ministre de l’Intérieur. Ce 9 janvier, les 184 représentants réunis, dont la plupart viennent de pays qui ne sont pas chrétiens, témoignent du message universel de l’Église et de son rôle d’acteur de la diplomatie. L’année 2022 a été marquée par une extension de ces liens diplomatiques puisque quatre États ont choisi d’avoir des ambassadeurs résidents : Suisse, RDC, Mozambique et Azerbaïdjan. Auparavant, l’ambassadeur près le Saint-Siège disposait d’une autre fonction, souvent ambassadeur auprès de l’Italie. Le fait qu’ils aient désormais un ambassadeur unique pour le Saint-Siège témoigne de l’importance de l’importance qu’ils accordent au rôle diplomatique de l’Église. C’est le cas de l’Azerbaïdjan, dont le poste au Saint-Siège était occupé par l’ambassadeur à Paris. Désormais, le pays dispose d’un représentant unique à Rome. 

La paix est l’œuvre de la justice

Cette année, le discours du Pape a repris les grands thèmes développés par Jean XXIII et Paul VI, avec cette idée claire que la paix n’est pas le silence des armes, mais le règne de la justice. Ce qui renvoie à la devise pontificale de Pie XII : Opus justitiae pax, "la paix est l’œuvre de la justice". Dans la lignée de Pacem in terris (1963) et de Populorum progressio (1967), François a rappelé aux diplomates que la paix passe par le développement, mais aussi la défense et le respect du droit à la vie, de sa conception à sa mort naturelle. D’où son opposition répétée à l’avortement, mais aussi à la peine de mort

La construction de la paix exige qu’il n’y ait pas d’atteintes à la liberté, à l’intégrité ou à la sécurité des nations étrangères, quelles que soient l’étendue de leur territoire et leur capacité de défense. 

Élargissant la seule perspective du conflit en Ukraine, François a évoqué les nombreuses zones de guerre qui frappent encore le monde, notamment en Afrique. Yémen, Somalie, Éthiopie et Soudan sont des pays qui souffrent encore des affrontements non résolus. Le prochain voyage de François au Congo et au Soudan du Sud doit apporter un peu de baume aux populations qui vivent une guerre sans fin. C’est cette "Troisième Guerre mondiale par morceaux", dont il n’a de cesse de parler depuis son élection, sur laquelle François insiste de nouveau. Une guerre qui se fait aussi par les normes internationales, comme en Syrie, où les sanctions économiques génèrent aujourd'hui plus de drames humains que le conflit proprement dit, désormais quasiment à l’arrêt. 

Liberté religieuse et de conscience

La paix passe aussi par le respect de la liberté des nations : "La construction de la paix exige qu’il n’y ait pas d’atteintes à la liberté, à l’intégrité ou à la sécurité des nations étrangères, quelles que soient l’étendue de leur territoire et leur capacité de défense." François a fait remarquer que la liberté religieuse fait encore défaut à beaucoup de chrétiens dans le monde, liberté qui ne se limite pas à la simple liberté de culte. La liberté religieuse, c’est aussi la liberté de pouvoir changer de religion, enseigner ses enfants, construire des lieux de culte, mais aussi "agir selon sa conscience, y compris dans la vie publique et dans l’exercice de sa profession". Une remarque valable notamment pour les professions médicales qui sont bien souvent contraintes de pratiquer des actes contraires à leur conscience. Un chemin sur lequel il reste beaucoup de stades à parcourir. Mais la diplomatie étant aussi l’art de l’espérance, c’est la répétition et le dialogue qui permet de semer les chemins de paix. 

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