Un mot, trois syllabes. Inflation. Depuis maintenant plusieurs mois, les Français l’entendent prononcé quasi quotidiennement avec inquiétude, angoisse ou colère. En mai, pour le onzième mois consécutif les prix se sont envolés de 6% en moyenne. Concrètement, cette perte de pouvoir d’achat de la monnaie se traduit par une augmentation générale et durable des prix. Une réalité à laquelle n’échappe personne. Et encore moins les associations venant en aide aux personnes défavorisées qui se retrouvent doublement affectées. Responsable du service missions sociales au sein de la Fondation Notre Dame, François Pasi ne dissimule pas son inquiétude. Tandis que la fondation soutient depuis 30 ans de nombreuses structures associatives œuvrant pour le bien commun, ces dernières se retrouvent aujourd’hui confrontées à une hausse des prix sans précédent. Prix de l’énergie, matières premières, coût de la construction… Plus aucun secteur n’échappe à la hausse des prix. "Nous avons des points d’alerte qui nous font être prudents et attentifs à ce qui se passe", explique-t-il à Aleteia.
Magalimenil, une épicerie sociale située dans le XXe arrondissement soutenue par la Fondation Notre Dame, a par exemple dû refaire appel à la fondation en cours d’année incapable de faire face à la hausse des prix. "L’épicerie est revenue vers nous en mars afin de nous demander une rallonge de 50% par rapport à l’année dernière en raison du surcoût dû à l’inflation sur les produits alimentaires mais aussi en raison du nombre de personnes accueillies dans l’épicerie qui a progressé de quasi 30%", rappelle François Pasi.
L’inflation, telle que nous la percevons, ce sont des volumes en moins que nous allons pouvoir distribuer.
Méconnue, l’association Août secours alimentaire (ASA) joue un rôle indispensable à Paris et en banlieue. Elle constitue l’élément essentiel de l’aide alimentaire dans cette zone au mois d’août avec quelque 931.0000 équivalents repas distribués en août pour près de 21.000 personnes à Paris et proche banlieue. "Nous distribuons chaque année 500 tonnes de nourriture", résume son président Jean de Lasa. 40% de ces produits sont achetés auprès de la banque alimentaire à un prix représentant 5% de la valeur. 26% proviennent de "ramasses", c’est-à-dire de produits en voie de péremption donnés par les grandes surfaces. Les 34% restants, ASA les achètent avec l’argent provenant de subventions, de dons de particuliers etc. "C’est là-dessus que nous arbitrons les achats en fonction du prix : pain, fruits, légumes, œufs…", souligne Jean de Lasa. "Nous faisons comme le consommateur moyen, c’est-à-dire que nous essayons de les trouver au meilleur prix, soit dans la grande distribution, soit auprès de producteurs locaux mais globalement nous allons subir !" Et de reprendre : "Nous chiffrons la hausse des prix 15% sur l’année à venir. À ressources constantes, cela représente 13,5% de moins en quantité à distribuer. L’inflation, telle que nous la percevons, ce sont des volumes en moins que nous allons pouvoir distribuer." Pour contrer ce phénomène et ne pas distribuer moins de produits alimentaires, les responsables de ASA doivent donc arbitrer sur la nature de ces produits.
Outre ce phénomène, ASA fait face également à des besoins qui augmentent. "Le nombre de personnes se présentant à l’aide alimentaire a doublé", lance Jean de Lasa. Or l’association doit composer non seulement avec un nombre de donateurs moins nombreux mais aussi avec l'incertitude du montant des dons. "Pour l’instant, aucune association n’a dû fermer à cause de l’inflation", rassure François Pasi qui travaille au plus près pour accompagner les associations soutenues par la Fondation Notre-Dame.
Entre les budgets d’hébergement et de transports, le coût total augmente de façon significative.
Il y a aussi les patronages et les projets portés par ces derniers tels que des séjours à la montagne, des séjours de courte durée à la ferme etc. "Ces associations font appel à nous pour soutenir une partie de leur budget d’année en année. Nous ne sommes pas les seuls à les soutenir mais cela représente quand même une part significative", reprend-t-il. Or cette année, François Pasi relève un surcoût de 7% pour les projets qui se sont déroulés cet hiver – les devis prévus ont été dépassés – et pour ceux prévus pour cet été. "Entre les budgets d’hébergement et de transports, le coût total augmente de façon significative." Faut-il pour autant supprimer ces initiatives ? "Les associations réagissent, certaines se regroupent afin de faire baisser les coûts, elles partent moins loin pour réduire les coûts de transport mais cette situation n’est pas tenable à long terme." Pour la fondation et les patronages, hors de question de diminuer le nombre d’enfants défavorisés qui peuvent en bénéficier. "Nous restons vigilants, obligés d’évaluer les conséquences de ce fléau économique sur le coût des projets portés par les associations", résume François Pasi. Sans compter que si elle perdure, l’inflation pourrait bien aussi entraîner une forte hausse des personnes demandant des aides aux associations.
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