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Pourquoi lit-on (encore) l’Ancien Testament ?

moise

Moïse et les Tables de la Loi.

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Valdemar de Vaux - publié le 13/05/23
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La liturgie laisse une grande part aux textes de l’Ancien Testament, réduite en temps pascal puisque la mort et la résurrection du Christ inaugurent la Nouvelle Alliance. Lire les textes d’Israël après l’avènement de Jésus n’a rien d’évident, c’est pourtant essentiel. Explications.

Quelle est la première hérésie de la foi chrétienne ? Nous serions beaucoup à être en mal de répondre à cette question, et pourtant cette hérésie correspond à une tentation courante : celle de choisir chez Dieu et dans la foi ce qui nous convient. Le marcionisme, du nom de son instigateur Marcion, se développe vers 140 après Jésus-Christ. C’est au fond très simple : Dieu était violent dans les écrits juifs, il est miséricordieux en Jésus et il faut donc ne garder pour écrits que ceux qui montrent cet aspect, en effet agréable, de Dieu. Marcion conserve ainsi l’évangile de Luc et dix épîtres de Paul. 

Condamné en 144, l’hérésiarque meurt en 160. Même si le canon des écritures est long à se mettre en place et la conscience de l’héritage vétérotestamentaire lente à être explicitée, les disciples de Jésus comprennent intuitivement la nécessité de garder en mémoire l’histoire du peuple de Dieu consignée dans la loi, les psaumes et les prophètes. Dans un article publié dans son livre posthume Ce qu’est le christianisme, Benoît XVI affirme même : "Ces écrits [ceux du Nouveau Testament] ne tiennent pas en eux-mêmes mais tous se rapportent à l’“Ancien Testament“, c’est-à-dire à la Bible d’Israël" (p. 76). 

L’Alliance de Dieu jamais révoquée

Que sert donc à un chrétien, hier et a fortiori aujourd’hui, de lire l’Ancien Testament ? D’abord à mesurer la fidélité de l’amour de Dieu, pour le peuple élu et pour chacun dans son histoire propre, souvent aussi agitée et inconstante que celle des Hébreux. Car nous adorons le même Dieu, et Abraham est aussi notre "père dans la foi" puisqu’il fut celui du Christ, enfant d’Israël et de Marie, fille de Sion. Jésus n’a-t-il pas dit lui-même : "le salut vient par les juifs" (Jn, 4,22) à la Samaritaine ? 

L’Église proclame ainsi, en faisant honneur à l’Ancien Testament, que l’Alliance de Dieu n’a jamais été révoquée (cf. Rm 11, 29), mais qu’elle a été accomplie en Jésus. Ce que dit Benoît XVI, c’est donc que Jésus est la clef de lecture des textes vétérotestamentaires car il leur donne leur sens et en même temps les réalise en son corps, mort et ressuscité, qui ouvre à la Terre promise du ciel et de la vie éternelle. Un paradis ouvert à chacun dès la création du monde : la genèse, qui ouvre les Écritures, est bien le début de l’histoire de tout homme, aimé et voulu par Dieu. 

Si le judaïsme insiste aujourd’hui sur la Torah (ou loi), les chrétiens s’attachent aux prophéties qui préparent l’avènement du Sauveur et qui aident à l’accueillir, de Josué entrant prenant possession de Canaan en traversant le Jourdain au Serviteur souffrant d’Isaïe par qui vient le salut et jusqu’à Jonas et ses trois jours dans la baleine. Et tant d’autres prophéties, lues dans la liturgie comme propédeutique à la célébration du mystère pascal dans l’eucharistie que Jésus a qualifiée de "nouvelle alliance en [son] sang" (cf. Lc 22, 20). 

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