103 Érythréens chrétiens, majoritairement étudiants, ont été arrêtés à Asmara, la capitale, lors d'un raid policier au début du mois d'avril, selon l'ONG Release International. Ces derniers se seraient rassemblés pour un temps de prière et auraient enregistré des vidéos destinées aux réseaux sociaux. Ils ont été emmenés à la prison de Mai Serwa, qui détient en son sein plus de 500 prisonniers chrétiens dont la plupart n'ont jamais été jugés. Mai Serwa est tristement connue pour sa surpopulation carcérale et les traitements inhumains infligés aux détenus.
Aucune information ne permet pas de savoir si ces étudiants appartiennent à l'Église orthodoxe érythréenne (autocéphale), l'Église catholique romaine ou l'Église évangélique d'Érythrée, qui sont les trois grands groupes religieux chrétiens du pays, ou s'ils sont issus d'une autre dénomination chrétienne non reconnue par le pouvoir.
Un pays sur une pente autoritaire
L'Érythrée est un des pays où les chrétiens sont les plus persécutés au monde. L'ONG protestante Portes Ouvertes l'a classé quatrième sur 50 pays dans son index mondial 2023 des persécutions, après la Corée du Nord, la Somalie et le Yémen. Depuis plusieurs années, le gouvernement procède à des raids au cours desquels des chrétiens sont arrêtés et emprisonnés. Les plus recherchés sont ceux qui n'appartiennent à aucune des Églises officiellement reconnues par le pouvoir et considérées comme illégales.
Si la liberté religieuse est inscrite dans la constitution, les chrétiens sont considérés par le régime d’Isaias Afwerki comme une menace à la stabilité et des relais de l'influence occidentale, selon Portes Ouvertes. Le niveau de violence très élevé contraint beaucoup d'entre eux à fuir, créant des milliers de déplacés.