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Carême : au fond, pourquoi jeûner ?

jeûne
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Valdemar de Vaux - publié le 02/03/23
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Le jeûne est un des trois piliers du Carême, avec le partage et la prière. Cette pénitence a pour but de faire ressentir à notre corps, à notre âme et à notre esprit le manque, que seul Dieu, ultimement, peut combler. Mais tous n’éprouvent pas le manque à propos des mêmes choses.

"Tous les fidèles sont tenus par la loi divine de faire pénitence chacun à sa façon", explique le droit canonique (§1249). Tous, donc, mais chacun à sa façon. Pourtant, ajoute-t-il, "pour que tous soient unis en quelque observance commune de la pénitence, sont prescrits des jours". En effet, la pénitence n’est pas seulement individuelle. Personne ne se sauve seul, mais avec l’appui de frères, avec l’appui de l’Église. Plus encore, dans la communion des saints, la pénitence de l’un offerte à Dieu en sacrifice soutient les autres dans leur conversion. 

Remarquons aussi que le droit canonique parle d’abord de pénitence, manière d’évoquer des austérités plus larges que le simple jeûne, qui concerne normalement la nourriture. Cela dit, il poursuit : "L’abstinence et le jeûne seront observés le Mercredi des Cendres et le Vendredi de la Passion et de la Mort de Notre Seigneur Jésus Christ." (§1251). 

Faire pénitence

Le jeûne est en effet la pénitence la plus traditionnelle, et sûrement la plus significative. Plus que toute autre, elle oblige à se priver de ce qui est pourtant vital. Non pour s’affamer, mais au contraire pour remettre les choses à leur place : c’est Dieu qui, ultimement, nous fait vivre, et non le chocolat ou le pâté en croûte. Le jeûne honore l’importance de la chair dans la religion chrétienne, puisque l’exercice de notre corps est au service du bien de notre âme.

C’est dans cette logique que tous les catholiques jeûnent et s’abstiennent de viande au moins le Mercredi des cendres et le Vendredi saint. Mais "les jours et temps de pénitence pour l’Église tout entière sont chaque vendredi de toute l’année et le temps du Carême" (§1249). Ces jours-là, le jeûne est bien sûr un moyen de faire pénitence, mais celle-ci peut varier selon chacun. Il est de plus en plus courant par exemple d’entendre parler de jeûne numérique – entendre passer moins de temps devant un écran. 

À vrai dire, c’est là que le "chacun à sa façon" prend tout son sens. Chacun peut examiner, dans sa vie, ce qui le retient d’aimer les autres et d’aimer Dieu. Ce qui, en fait, le rend esclave, puisque l’amour seul est l’expression assurée de la vérité. En se privant ainsi, l’un de regarder telle émission, l’autre de manger du fromage, un troisième de rester trop longtemps sous la douche, tous expérimentent le manque, non pour lui-même, mais pour aiguiser le désir que seul Dieu, à la fin, peut combler et comblera à Pâques en donnant la vie éternelle. Demeure donc le seul critère d’une bonne pénitence, le don de soi, de sorte que, finalement, "les œuvres de charité et les exercices de piété peuvent tenir lieu en tout ou en partie de l’abstinence et du jeûne" (§1254).

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