Toute l’Église, tous les fidèles, à Pâques, se préparent à "renaître de l’eau et de l’esprit". Cette expression baptismale ne concerne pas seulement les catéchumènes pour qui le Carême est l’ultime temps de préparation au premier des sacrements. Baptisés dans la prime enfance ou plus tardivement, les chrétiens sont invités, à l’exemple de leurs futurs frères dans la foi, à se convertir, à se purifier pour la grâce reçue il y a peut-être longtemps, grâce de salut, vienne de nouveau jaillir en eux par l’action de l’Esprit saint. Ne demande-t-on pas à Dieu, le Mercredi saint dans la liturgie que les fidèles "demeurent attachés aux mystères qui les ont faits renaître et parviennent ainsi à la vie nouvelle" (oraison sur le peuple) ?
Le premier dimanche de Carême, traditionnellement, a lieu la première étape de l’ultime préparation des catéchumènes : l’appel décisif. Chacun de ceux qui va être baptisé à Pâques est appelé par l’évêque de son diocèse, souvent dans la cathédrale. À son nom, le catéchumène s’avance avec ses parrain et marraine, accueilli par le successeur des apôtres, et écrit son nom sur un registre. Cette liturgie fort simple constitue la première étape publique et permet à chacun devant tous sa résolution d’être baptisé. Elle rappelle que le Seigneur appelle chacun par son nom (cf. Is 43, 1). Elle permet aussi de mieux prendre conscience que l’Église est un corps, qui appelle de nouveaux membres et les accueille. Aux plus anciens, ce rite pose la question : comment ai-je répondu à l’appel de Dieu le jour de mon baptême ?
40 jours de "retraite spirituelle"
S’ouvre avec l’appel décisif, et jusqu’à Pâques, une période que le Rituel de l’Initiation Chrétienne Adulte (RICA) qualifie de "temps de la purification et de l’illumination". Le moment n’est plus tant à une formation qu’à une "retraite spirituelle" pour être prêt à accueillir la grâce. Cette retraite est vécue à travers trois étapes appelées "scrutins", au sens où il s’agit d’un choix, celui du bien plutôt que du mal. Habituellement célébrés pendant la messe, juste après l’homélie, ils sont reliés aux évangiles de l’année A : la Samaritaine (Jn 4), l’Aveugle-né (Jn 9) et la Résurrection de Lazare (Jn 11). Le choix de ces péricopes manifeste le souci pédagogique de la liturgie, et pas seulement pour les catéchumènes. Le Mystère pascal est un jaillissement qui étanche toute soif, une lumière qui éclaire tout homme sur les réalités essentielles, le don de la vie éternelle. Écouter et méditer ces textes est donc pour chacun une bonne préparation à Pâques.
En eux-mêmes, les scrutins sont très simples. Une fois les catéchumènes à genoux devant l’autel, toute l’assemblée prie pour eux, pour elle et pour tous. Le célébrant impose ensuite les mains sur chacun pour un exorcisme, dans une prière qui rappelle l’évangile proclamé. Cet exorcisme n’a rien d’extraordinaire, il s’agit d’invoquer Dieu et de lui confier l’âme, l’esprit et le corps des futurs baptisés pour qu’ils aient la force de combattre le diable : "instruits du mystère du Christ libérateur du mal et délivrés des suites du péché et de l’influence du diable, ils sont fortifiés dans leur itinéraire spirituel et ils préparent leur cœur à recevoir les dons du Sauveur" (RICA, §150). Une demande qui concerne tous les paroissiens présents : en ce temps de Carême plus qu’en tout autre, est vif le désir d’être gardé du mal pour recevoir mieux encore la grâce pascale.