Des millions de visiteurs et de pèlerins se rendent chaque année à la basilique de Vézelay qui domine la "colline éternelle", sanctuaire des reliques de Marie-Madeleine. C’est sur la basilique, chef-d’œuvre médiéval, que tous les regards se posent. C’est elle qui inspire des artistes, des écrivains, des religieux et des amoureux de l’histoire. Les ruelles sinueuses qui l'entourent cachent des histoires belles et insolites. Comme celle de la boutique La Voie parfumée. Le nom de l’enseigne au 19 de la rue Saint-Etienne embarque tout de suite le passant, pèlerin ou visiteur du charmant village dans un voyage surprenant. Inaugurée en 2020, elle n’est pas une parfumerie classique.
Vivre ici était une évidence pour moi tout comme faire désormais de ma passion pour les parfums un métier.
Sa créatrice, Claude Matoux, Belge, professeur de lettres à l’origine, est tombée amoureuse de Vézelay au cours d’un voyage en France il y a dix ans : "Ce n’était pas juste un coup de cœur. Bouleversée, je m’y suis sentie à l'instant-même complètement à ma place. A tel point que quelques temps plus tard, j’ai décidé de vendre ma maison à Charleroi, de quitter mon travail pour faire le grand pas : m’installer à Vézelay. Vivre ici était une évidence pour moi tout comme faire désormais de ma passion pour les parfums un métier", confie-t-elle à Aleteia. Son pari ? Enfermer dans des flacons des senteurs... de la Bible.
Faire "sentir" le divin
Après de multiples formations chez Nicolas de Barry, maître-parfumeur, et encouragée par ce dernier, Claude s’installe dans une ruelle du village et se lance dans la création de parfums.
Suivant son inspiration, elle réussit à créer sa première collection de parfums bibliques : nard, myrrhe, galbanum, encens…, chaque fragrance se référant aux textes sacrés. "Je voulais faire connaître les effluves évoquées dans la Bible : baume, cannelle, encens, galbanum, henné, labdanum, myrrhe, nard, roseau aromatique, safran… Ma démarche est à la fois artisanale et spirituelle. Je suis sûre que les senteurs ouvrent à une compréhension plus fine des Ecritures. J’aime l’idée de faire "sentir" le divin. Il ne faut pas oublier que tout commence par la Genèse et le Jardin d’Eden, où l’on imagine toutes les senteurs les plus exquises !", s’exclame-t-elle en racontant en détails la création de chaque parfum.
L'Eau d'Ange, Myrrhe, Nard ou Encens ?
Pas facile de choisir son favori. L’Eau d’ange, inspirée de l’ange de la piscine Bethesda et de cet extrait de la Bible qui rappelle effectivement que dans cette piscine, "un ange descendait de temps en temps, et agitait l'eau, et celui qui y descendait le premier après que l'eau avait été agitée était guéri, quelle que fût sa maladie" (Jn 5, 3). Le parfum mêle au benjoin les senteurs du bois de Gaïac, de la rose, de la fleur du Bigardier et l'oranger de Séville.
Ou le parfum Myrrhe, évoqué dans le Cantique des cantiques : "J'entre dans mon jardin, ma sœur, ma fiancée. Je cueille ma myrrhe avec mes aromates... Mangez, amis, buvez, enivrez-vous d'amour !" (Cantique 5,1). A base de myrrhe, le parfum créé par Claude Matoux est rehaussé de plusieurs plantes aromatiques et d'un fin mélange de mandarines.
Et pourquoi pas le parfum Encens ? Si certains créateurs de mode tels que Comme des garçons utilisent l’encens dans leurs fragrances pour recréer l’ambiance des églises, celui de La Voie parfumée fait référence aux trois mages portant de l’encens à l’Enfant Jésus. Basée sur l’encens pur, il se mêle notamment aux notes de jasmin et de santal.
Ou peut-être, le parfum Nard à base de nard avec des notes de santal, de bois de rose et de la fève tonka qui fait référence, bien-sûr, au passage de l'évangile de saint Jean : "Or, Marie avait pris une livre d’un parfum très pur et de très grande valeur ; elle versa le parfum sur les pieds de Jésus, qu’elle essuya avec ses cheveux ; la maison fut remplie de l’odeur du parfum."(Jn 12,3)
Enthousiaste, Claude tient à présenter enfin les deux derniers de sa collection : Galbanum, magnifié par du patchouli et du bois de rose aux notes de tête issues d’un mélange d’agrumes et enfin Labdanum, un parfum à base de gomme-résine mariée au bois de Gaïac et de la violette. Les deux sont évoqués également dans la Bible.
Toucher les cœurs et les âmes
Les habitants et les amoureux de Vézelay semblent séduits par la démarche de Claude. "C’est assez particulier de proposer des parfums bibliques", reconnaît-elle. Pourtant, elle trouve ses fans, comme cette jeune fille qui a acheté l'Eau d’Ange pour son père. Depuis, elle est revenue avec lui quelque temps plus tard pour en acheter d’autres, parce qu’ils "touchent le cœur et l’âme. Et cela fait du bien". "La réaction de cette jeune cliente me donne des ailes pour explorer cet univers des parfums de la Bible et pour continuer à faire "sentir" le divin. La Colline éternelle de Vézelay s’y prête sans aucun doute.