Au cours de la traditionnelle prière publique en l’honneur de la Vierge Marie pour la fête de l’Immaculée Conception, place d’Espagne à Rome, le pape François a pleuré en invoquant le sort tragique de l’Ukraine. L’Ukraine, cette nation atrocement amputée au siècle dernier par le fléau criminel du Holodomor de 1932-33, où Staline fit mourir de faim des millions de paysans en leur arrachant leur récolte. Aujourd’hui, l’Ukraine est vouée à une destruction systématique par la haine fratricide venue de Moscou, dans cette guerre abominable et absurde, véritable métastase du cancer stalinien.
La Jérusalem des Slaves
Le peuple ukrainien avait demandé son indépendance, en 1991, à l’heure de la chute du communisme, après la funeste catastrophe de Tchernobyl : voici qu’il semble condamné à nouveau à mourir, de froid ou de faim, en cet hiver 2022-2023 transformé en arme de guerre par Poutine. Kiev, la Ville Sainte du baptême du Prince Vladimir — la "Jérusalem des Slaves", comme le dit le philosophe chrétien Constantin Sigov — est atteinte par des frappes à la fois meurtrières et sacrilèges : ces bombardements ravagent des quartiers entiers autour de la vénérable basilique Sainte-Sophie, joyau des héritiers de Constantinople de rite byzantin-slave sur les rives du Dniepr.
Auprès de Marie, Mère du Christ Rédempteur, Marie qui se tenait jadis au pied de la Croix, les larmes du Pape ont coulé devant cette guerre. Cette guerre d’aujourd’hui où, en Ukraine, le sang de milliers de civils innocents, femmes, enfants et vieillards, continue à couler ici et là. Aux portes d’une Europe qui semblait avoir longtemps oublié ce que signifient le mot sacrifice et le mot martyre…