Le pape François et Emmanuel Macron participeront au sommet interreligieux en faveur de la paix organisé à Rome par la Communauté Sant’Egidio du 23 au 25 octobre prochains. Le président français sera présent à l’ouverture tandis que la Saint-Père clôturera les travaux. Ce n’est pas la première fois qu’un chef d’État ou de gouvernement participe à cet événement qui a lieu régulièrement. Lors de la dernière édition, la chancelière allemande Angela Merkel était déjà présente à quelques jours de son retrait de la vie politique. D’autres personnalités sont également attendues cette année comme les présidents italien et nigérien mais aussi le cardinal président de la Conférence épiscopale italienne, le grand rabbin de France et le secrétaire général de la Ligue mondiale islamique comme il se doit pour un sommet portant sur le dialogue interreligieux.
Le règlement pacifique des conflits
La présence de toutes ces personnalités témoigne de l’autorité et de la reconnaissance dont jouit au plan international la communauté Sant’Egidio. Celle-ci a été fondée en 1968, aux lendemains du concile Vatican II, par un groupe d’étudiants italiens, soucieux du sort des plus démunis, qui avait pris l’habitude de se réunir dans l’église Sant’Egidio (Saint-Gilles l’Ermite) dans le quartier du Trastevere à Rome. Parmi eux, Andrea Riccardi, qui deviendra professeur d’histoire et sera ministre de la Coopération internationale et de l’intégration entre 2011 et 2013 dans le gouvernement de Mario Monti, peut être considéré comme le fondateur de la communauté.
La communauté Sant’Egidio estime que c’est par le dialogue interreligieux qu’il peut être mis fin aux guerres.
Sous son impulsion, celle-ci se lance, dans la continuité de la Rencontre d’Assise de 1986, dans l’organisation de rencontres périodiques afin que les différentes confessions religieuses s’engagent résolument en faveur de la paix. Loin de penser que les religions sont la cause des conflits, la communauté Sant’Egidio estime, au contraire, que c’est par le dialogue interreligieux qu’il peut être mis fin aux guerres. C’est dans cet objectif qu’au-delà de ces rencontres, la communauté s’est engagée parallèlement dans le règlement pacifique des conflits. Tout commence en 1980 par une négociation conduite au Liban pour libérer un village encerclé par les Druzes.
De nombreuses autres missions ont été menées depuis lors, notamment au Mozambique où son intervention a permis de mettre un terme à la guerre civile en 1992. Toutefois, ses actions n’ont pas toujours été couronnées de succès comme la Plate-forme de Sant’Egidio qui, en 1995, en pleine guerre civile algérienne, avait réuni tous les partis d’opposition mais que le pouvoir militaire en place ne voulut jamais reconnaître. Cette année encore, au début du conflit russo-ukrainien, craignant qu’une résistance de l’Ukraine n'entraîne la désolation du pays face au rouleau compresseur russe, la communauté a lancé un appel pour que Kiev soit déclarée ville ouverte. On sait ce qu’il est advenu depuis.
Des liens cordiaux avec la France
En fait, toutes les actions menées par Sant’Egidio ont pour but de parvenir à une cessation immédiate des hostilités, la paix étant pour elle considérée comme un préalable et non comme l’issue d’un processus. En cela, elle s’inscrit dans la lignée de la politique du Saint-Siège, au point que la communauté est parfois considérée comme un outil de diplomatie parallèle du Vatican. Pour autant, elle n’en n’oublie pas son intuition d’origine en faveur des pauvres et des malades comme en Corée du Nord où, depuis 2018, elle soutient un hôpital psychiatrique en lui apportant aide alimentaire, produits pharmaceutiques et équipements médicaux.Association de fidèles de droit pontifical depuis 1986, la Communauté Sant’Egidio réunit aujourd’hui quelque 60.000 laïcs répartis dans 74 pays. En France, elle est présente à Paris et à Lyon.
La présence d’Emmanuel Macron à Rome permettra sans doute de resserrer des liens déjà cordiaux puisqu’à plusieurs reprises, Marco Impagliazzo, l’actuel président de la communauté, a souligné sa proximité de vue avec le président français s’agissant notamment de la relation avec l’Afrique et de l’accueil des populations immigrées ainsi que de la coopération franco-italienne contenue dans le Pacte du Quirinal signé en 2021.