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Refonder… sur les plus fragiles ?

À Marcoussis (Yvelines) pour le lancement du Conseil national de la refondation, le 15 septembre 2022.

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Cyril Douillet - publié le 08/10/22
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La place accordée aux populations fragiles et dépendantes dans les priorités du Conseil national de la refondation est bienvenue. Pourtant, s’inquiète le rédacteur en chef de la revue "Ombres et Lumières", les projets du gouvernement ouvertement favorables à l’euthanasie sont une menace directe sur les plus fragiles. Où est la cohérence ?

Il y a quelques jours, le président de la République lançait les premières consultations du tout nouveau Conseil national de la Refondation, ouvrant les chantiers prioritaires de la santé et de l’école, avec notamment la création d’un site Internet contributif. Une première étape dans ce processus annoncé début septembre, qui vise à "créer du consensus" sur des sujets prioritaires, en vue de mettre en œuvre des réformes. Re-fonder, c’est fonder à nouveau, c’est-à-dire redonner une base solide à un édifice, soit parce qu’il menace de s’effondrer, soit parce que l’on souhaite en construire un nouveau. La conscience des crises qui affectent, dans notre pays, l’école, l’hôpital, le système social et la protection des aînés en particulier, semble conduire nos dirigeants à une remise en question profonde, en vue de repartir dans la bonne direction.

La fragilité fait l’unité

La démarche semble donc nécessaire, vitale même. Mais elle induit une question centrale : sur quoi, sur qui, refonder ? Qu’est-ce donc qui fonde la société humaine ? Un indice intéressant nous est donné dans le fait que les publics destinataires des grandes lignes du CNR sont les malades (hôpital), les enfants (école) et les personnes âgées (grand âge). Trois populations qui se caractérisent par leur vulnérabilité et leur dépendance. Il est cohérent que les politiques publiques s’intéressent prioritairement à elles, puisque c’est bien le secours du plus faible qui justifie l’action politique… Les plus forts, généralement, se débrouillent très bien tout seuls !

Dans de nombreux groupes humains, celui qui semble le moins performant, est en fait, en profondeur, celui qui cimente les liens.

J’ose le penser, et l’écrire : la société repose sur les plus fragiles d’entre nous. J’en ai la conviction depuis un pèlerinage à Rome que nous avons organisé avec l’OCH pour une centaine d’abonnés à Ombres & Lumière, il y a quelques années. Dans le groupe, une trentaine de personnes était porteuses d’un handicap, qu’il soit physique, mental ou psychique. Nous avons vécu quatre jours extraordinaires, pendant lesquels beaucoup de joie et d’enthousiasme irradiaient des plus fragiles d’entre nous. Au retour, je me souviens avoir relu cette expérience en me disant que notre groupe trouvait sa force en particulier de ces personnes, de leur puissance de vie, et de l’appel à la relation qui émane d’elles… Certains ont pu en faire l’expérience dans leur famille — tel jeune porteur de trisomie qui fait mystérieusement l’unité ; ou dans l’entreprise — tel salarié malade qui impulse une solidarité qui rime étonnamment avec solidité… Dans de nombreux groupes humains, celui qui semble le moins performant, est en fait, en profondeur, celui qui cimente les liens.

Inquiétude pour les mourants

Alors réjouissons-nous de ce Conseil qui remet les plus vulnérables à leur place : la première. Mais comment ne pas, en même temps, être désemparé, lorsque le gouvernement lance, en parallèle, une consultation citoyenne sur la fin de vie, dont on présume, au vu du récent avis du CCNE, qu’elle fournira la base à la légalisation du suicide assisté et de l’euthanasie ? Qui ne voit, malgré toutes les bonnes intentions, que les plus fragiles, les plus souffrants de notre société, risquent fort de subir la pression de disparaître ? Les mourants, qui vivent le Passage, sont d’une certaine manière à l’avant-garde de notre humanité, tout comme les plus dépendants sont aux avant-postes de la dignité. Sans compter qu’une telle évolution législative fragiliserait l’édifice de soin, en rompant le contrat de confiance qui unit patients et soignants dans l’interdit de tuer. Comment pourra-t-on refonder si l’on ébranle un mur porteur ?

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