"La vie familiale n’est pas une mission impossible !", a lancé le pape François à l’occasion de l’inauguration de la 10e Rencontre mondiale des familles qui clôture l’année Amoris Laetitia. "Partez de votre situation réelle et, à partir de là, essayez de marcher ensemble", a exhorté le pontife, qui est arrivé dans la Salle Paul VI en fauteuil roulant. Toujours faire "un pas de plus, aussi petit soit-il", tel était le fil rouge de son discours, dans lequel le pape a réagi à chacun des cinq témoignages qui avaient précédé. Des petits pas supplémentaires qui concernent chaque famille, quelle que soit sa situation. Cinq couples, cinq occasions de grandir dans la foi.
1Luigi et Serena : Un pas de plus vers le mariage
Luigi et Serena, conjoints vivant en concubinage et parents de trois enfants, ont témoigné de leur volonté de se marier après des années de vie commune. Réagissant à leurs paroles, le Pape a souligné : "Nous pouvons dire que, lorsqu’un homme et une femme tombent amoureux, Dieu leur fait un cadeau : le mariage. Un don merveilleux, qui a, en soi, la puissance de l’amour divin : fort, durable, fidèle, capable de se relever après chaque échec ou fragilité. Le mariage n’est pas une formalité à remplir. On ne se marie pas pour avoir l’étiquette de catholiques, pour obéir à une règle, ou parce que l’Église le dit, ou pour faire une fête. […] On se marie parce qu’on veut fonder le mariage sur l’amour du Christ, qui est solide comme un roc".
2Roberto et Maria : Un pas de plus malgré les épreuves
Le pontife s’est ensuite adressé aux parents de Chiara Corbella (1984-2012), jeune italienne qui à l’âge de 28 ans choisit de mener à terme sa grossesse en sachant qu’elle lui serait fatale. Il a rendu hommage à celle qui voulut "préserver la vie de son enfant au prix de sa propre vie". Et de saluer aussi la "grande foi" de ses parents, Roberto et Maria Anselma, qui malgré l’épreuve ne sont pas devenus "des personnes abattues, désespérées et en colère contre la vie" : "Vous nous avez parlé de la croix, qui fait partie de la vie de chaque personne et de chaque famille. Et vous avez témoigné que la dure croix de la maladie et de la mort de Claire n’a pas détruit votre famille et n’a pas éliminé de vos cœurs la sérénité et la paix".
3Paul et Germaine : Un pas de plus vers le pardon
Le pardon guérit toutes les blessures. C’est ce dont ont témoigné Paul et Germaine, deux Congolais mariés depuis 27 ans, en racontant leur grave crise de couple, jusqu’au pardon et à la réconciliation. Ils ont connu "le manque de sincérité, l'infidélité, l'abus d'argent, les idoles du pouvoir et de la carrière, le ressentiment croissant et l'endurcissement du cœur".
"Voir une famille se désagréger est un drame qui ne peut laisser indifférent. […] Et la plupart du temps, on ne sait pas quoi faire", a souligné le Pape. Mais, "même au milieu de la tempête, Dieu voit ce qu’il y a dans le cœur". Et "le désir qui se trouve au fond du cœur de chacun, c’est que l’amour ne s’arrête pas, que l’histoire construite avec la personne aimée se poursuive, que les fruits qu’elle a produits ne se perdent pas. Tout le monde a ce désir. Personne ne veut un amour ‘à court terme’ ou ‘à durée déterminée’."
Alors qu’en grandissant, les enfants réalisent que les parents ne sont pas des "super héros", "tout-puissants" ni "parfaits", le pontife a estimé que le témoignage de Paul et Germaine était particulièrement important : "Vos enfants […] ont vu l’humilité de se demander pardon et la force que vous avez reçue du Seigneur pour vous relever de la chute. Ils ont vraiment besoin de cela !"
4Iryna et Sofia : Un pas de plus vers l'hospitalité
Le pape a également salué le témoignage d’Iryna et Sofia, mère et fille ukrainiennes de Kiev accueillies en Italie par une famille de six enfants. Constatant que leur histoire de réfugiées de guerre faisait ressortir "le pire et le meilleur de l’homme", il a incité à "ne pas rester obsédé par le pire", mais à "valoriser le meilleur, le grand bien dont tout être humain est capable".
Remerciant le couple qui les a accueillies, Pietro et Erika, l’évêque de Rome a estimé que l’hospitalité était "un charisme des familles, et surtout des familles nombreuses", qui "sont habituées à faire de la place aux autres". "Les familles sont des lieux d’accueil, et malheur si elles venaient à manquer ! Une société deviendrait froide et invivable sans des familles accueillantes", a alors affirmé le pontife.
5Zadia et Luca : Un pas de plus vers la fraternité
Enfin, le pape François a encouragé l’œuvre caritative fondée par Zakia Seddiki, la veuve de Luca Attanasio, ambassadeur italien tué en février 2021 en République démocratique du Congo. "En Zakia et Luca, dit le Pape, nous trouvons la beauté de l'amour humain, la passion pour la vie, l'altruisme et aussi la fidélité à sa propre croyance et à sa tradition religieuse, source d'inspiration et de force intérieure". "La mission diplomatique de Luc est maintenant devenue une ‘mission de paix’ de toute la famille", s’est-il réjoui, après que la mère de trois enfants a été longuement applaudie par la foule.
6Des familles du monde entier
De nombreuses délégations nationales – formées d’une trentaine de personnes – se côtoyaient : Joséphine, mère de trois enfants, originaire du Ghana et venue d’Allemagne ; Steven et Lucy, de San Francisco, et leurs quatre enfants, arborant fièrement le badge de la délégation américaine ; Esther et Ximo, de Valencia en Espagne, émus de venir pour la première fois à Rome et de rencontrer le pape avec leurs trois enfants.
"Nous avons été envoyés par notre évêque pour entendre les initiatives d’autres familles du monde et les apporter dans notre diocèse", ont confié à I.MEDIA Melissa et Rony, parents de quatre enfants, venus d’Halifax au Canada. Comme eux, pour beaucoup, la Rencontre des familles qui se poursuivra dans la Ville éternelle jusqu’à dimanche 26 juin, est une occasion d’échanges sur des sujets familiaux cruciaux, comme l’éducation, les réseaux sociaux, les épreuves conjugales.