Pierre en visite dans le pays de Paul : le voyage du pape François à Malte samedi 2 et dimanche 3 avril sera d’abord un retour aux racines de la diffusion de la foi chrétienne, en référence au naufrage de saint Paul sur les rivages de Malte en l’an 60, un épisode évoqué par les Actes des Apôtres. Mercredi 30 mars, lors de l’audience générale, le Pape a présenté son voyage comme un pèlerinage "sur les traces de l'apôtre Paul qui y fut accueilli avec une grande humanité". Il visitera dimanche matin la grotte de saint Paul à Rabat, lieu qui fut le refuge de l'apôtre après avoir débarqué.
Afin d'honorer la piété populaire dans cette île profondément catholique, le pape se déplacera samedi en fin d’après-midi au sanctuaire marial de Ta’ Pinu. Ce lieu de pèlerinage de l'île de Gozo a été bâti sur le site d’une petite église dans laquelle une paysanne entendit la voix de Marie en 1883. Détail étonnant dans le programme du voyage : pour effectuer les cinq kilomètres de traversée de Malte à Gozo, l'évêque de Rome circulera en catamaran, moyen de transport inédit pour un pape !
Honorer un pays de tradition catholique
La messe célébrée par le Pape dimanche matin à Floriana, dans la périphérie de La Valette, sera aussi l’occasion d’honorer un peuple resté profondément catholique. La pratique religieuse des 85% de Maltais se revendiquant catholiques se maintient à un niveau plus élevé que dans le reste de l’Europe. Malgré une certaine poussée de sécularisation, l'Église dispose encore de forces vives nombreuses, avec notamment 700 prêtres et 800 religieux.
Après Jean Paul II venu en 1990 et 2001, et Benoît XVI venu en 2010, le pape François viendra donc confirmer dans la foi une communauté chrétienne dynamique et ancrée dans la vie quotidienne de toute la société. Spécificité maltaise, le catholicisme est inscrit dans la Constitution comme religion d’État, et ce pays est le seul de l’Union européenne dans lequel l’IVG demeure totalement illégal.
Promouvoir l’accueil des migrants
Le pape François, qui s’était rendu à Chypre et en Grèce en décembre 2021, entend aussi rencontrer les habitants d’un pays situé "au centre de la Méditerranée et au sud du continent européen, aujourd’hui encore plus engagé dans l’accueil de nombreux frères et sœurs en quête d’un refuge", a-t-il encore précisé lors de l'audience générale de ce mercredi.
Le Pape visitera dimanche en fin d’après-midi un centre d’accueil de migrants situé dans la localité d’Hal-Far, qui porte le nom de "Laboratoire Jean-XXIII pour la paix". Cet espace dans lequel sont accueillis une cinquantaine de migrants venus notamment de Somalie, d’Érythrée et du Soudan après avoir transité par la Libye, cherche à incarner le leitmotiv de François : "Accueillir, protéger, promouvoir, intégrer".
Lutter contre les dérives mafieuses
Un autre sujet impliquant fortement l’Église locale pourrait être abordé par le Pape samedi matin lors de sa rencontre avec les autorités civiles : la lutte contre la corruption, un thème important dans ce petit pays très marqué par l’assassinat à la voiture piégée de la journaliste Daphne Caruana Galizia, en 2017. Elle enquêtait alors sur des affaires de fraude fiscale impliquant des proches du Premier ministre de l’époque.
Depuis cet attentat, l'archevêque de Malte, Mgr Charles Scicluna, s’est impliqué avec force dans la dénonciation des dérives mafieuses qui marquent encore la vie politique et économique de ce petit pays. Le pape François, qui a fait de la lutte contre la mafia l’un des axes forts de ses déplacements en Italie notamment, veut certainement là aussi soutenir une Église locale qui élève sa voix contre le culte de l’argent.